questions d'un point de vue de lecteur!

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Gaëlle
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Enregistré le : 07 nov. 2012 22:02

questions d'un point de vue de lecteur!

Message par Gaëlle »

Bonsoir!
Je ne sais pas dans quel thème caser ces questions, mais je pense qu'ici ça le fera?
Voila, j'aimerais avoir des avis, de point de vue de lecteur!
merci d'avance pour les réponses!

1) Dans un roman -n'importe quel genre- qu'est ce qui fait que vous en aimiez plus un qu'un autre?
2) Même question, mais qu'est ce qui fait que vous puissiez détester un roman?
3) quels sont les clichés que vous ne supportez pas chez un héros/héroïne?
4) Qu'est ce qui fait que vous vous attachiez à un personnage?
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Blaune
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Enregistré le : 26 mars 2013 21:58
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Re: questions d'un point de vue de lecteur!

Message par Blaune »

Voilà des questions fort intéressantes qui je l'espère susciteront un bon gros débat.
Je vais donc ouvrir le feu avec ma propre opinion sur le sujet.
Je dirais que la qualité d'un ouvrage - ou sa médiocrité - repose sur quatre critères fondamentaux et deux critères secondaires.
L'impacte d'un foirage totale dans l'un ou l'autre de ces critères dépendra en grande partie du genre investie.

Les quatre critères fondamentaux:

Les personnages: L'un des piliers d'un bon roman. Plus le genre investie est codé, plus la qualité de l'histoire reposera sur les personnages.
Beaucoup affectionnent les personnages hors normes qu'ils pensent être synonyme d’originalité voire de charisme mais s'inscrire dans cet recherche d'originalité à tout prix est le meilleur moyen de créer des personnages superficiels, ridicules et peu crédibles, un peu dans le genre de ces starlettes de télé-réalité qui pensent que porter un boa rose fushia ou un chapeau de crooneur va faire d'eux des êtres à part. Certains genres supportent mieux les personnages ratés à l'instar du polar (c'est d'ailleurs le côté polar de nombres d'ouvrages de Bernard Werber qui les sauvent du massacre que son respectivement Isidor Katzenberg et Lucrèce Nemrod, personnages d'une nullité abyssale et jamais crédibles une seconde) ou du drame sociétal. Les genres où par contre ça ne pardonnent pas sont la SF pur et dure et la fantasy dont l'icônisation des personnages est primordiale (ex: Elijah Baley et R. Daneel Olivaw ... en gros, tout les personnages d'Asimov) ainsi que les genres de niches récents comme la littérature mordante (bit-lit) ou les comédies romantiques britanniques (chick-lit).

L'intrigue/L'histoire: Autre pilier du roman, elle doit à la fois être cohérente, dynamique, savoir respecter le genre qu'elle investie et summum du summum, savoir prendre à contre-pied les attentes du lecteurs (mais là, on bascule carrément dans le sublime et je n'ose bien souvent pas en demander autant). La qualité et la maîtrise de l'intrigue c'est ce qui différencie par exemple "Psion", grosse purge de Joan D. Vinge, de sa suite magistrale "Cat le psion" (j'avoue aussi que certaines audaces stylistiques du deuxième roman m'ont littéralement bluffé). Si on part du principe que quelque soit l'intrigue, si elle n'est pas maîtrisé un minimum alors elle est forcement ratée, la véritable question est: la qualité de l'intrigue dépend-elle de son originalité ? La réponse est que ça varie encore une fois grandement en fonction des genres. Lorsque qu'une certaine forme d'intrigue est le concept même d'un genre (en gros que l'ouvrage repose sur une intrigue codée) alors le fait qu'elle ne soit pas originale ne dérangera pas le lecteur au contraire (ex: le roman d'espionnage type SAS, les polar mais aussi bien évidement les comédies romantiques britanniques). Mais si le genre repose sur un univers codé, l'intrigue se doit d'être originales comme dans la SF, le fantastique, la fantasy. Il te suffit de lire du Bradbury, du Heinlein, ou n'importe quel autre papy cador de la SF pour t'en convaincre.

Le style: Souvent grand oublié de la littérature moderne qui digère mal ses influences anglo-saxonnes ou cache-misère superfétatoire dans notre beau pays, le style n'est, contrairement à ce que l'intelligentsia française pense, pas l'alpha et l'oméga d'une oeuvre littéraire. Mais putain, qu'est-ce que ça compte quand même ! J'ai rencontré beaucoup de gens qui n'avait absolument aucun talent stylistique (même pas celui de la simplicité) et rien à raconter et d'autre moins nombreux qui savaient écrire mais qui n'avait comme les premiers, rien à dire. La différence qui existe entre les deux ? Tu tiens trois chapitres de plus, grand maximum. En bref, style zero + histoire zero = gros bide et style prodigieux + histoire zero = gros bide aussi. Par contre, si l'histoire ainsi que les personnages tiennent la routes, le lecteur est en général bien plus indulgent.
Mais la chose à retenir, c'est que les attentes des lecteurs concernant la maîtrise stylistique dépendent de qui écrit et du genre qu'il investie. Si tu es footballeur ou rappeur, on te pardonne carrément l’impardonnable et on crie au chef-d'oeuvre à la moindre proposition de base torchée correctement. Si tu es américain, ou un français plus outrancier dans son atlantisme fanatique qu'un bouseux texan, et que tu es de surcroît un auteur de niche alors l'absence de style devient un véritable absolu. Par contre, il faut s'attendre à se faire déchirer sur les plateaux télé hexagonaux, ce qui explique d’ailleurs pourquoi notre chère Marc Levy national, incarnation du degré zéro stylistique fait homme et aficionados de la bannière étoilée, ne met que très rarement les pieds dans une émission où il risquerait de croiser un critique littéraire.

La structure: Souvent confondu à tord avec l'intrigue, ça donne soit en cas d’échec un roman malfoutu et donc incroyablement chiant (le meilleur exemple en est "Xénocide" de O.S.Card, un foirage complet que seul un n'importe quoi structurel explique), soit en cas de réussite un petit bijou. La structure, c'est l'exacte opposé du style en matière d'impacte; si il n'y en a pas, ça ne pardonne jamais et si c'est maîtrisé, ça peut compenser quasiment n'importe quoi. Je crois que le meilleur exemple d'un livre dont la structure en a fait un chef d'oeuvre est "Des fleurs pour Algernon" (livre qui a le mérite d'être parfait sur tout les autres plans en plus).
La structure, c'est la mécanique interne du roman. Si elle est bien rodée, elle emportera le lecteur du début à la fin. C'est ce qui explique le plaisir coupable que certains ( j'avoue en faire partie ^^) on a s'enquiller des bouses honteuse d'un point de vue purement littéraire (je ne donnerai aucun exemple afin de ne pas m'attirer les foudres des amateurs).


Les deux critères secondaires:

L'univers: Secondaire car il n'implique que des genres prédéfinies comme le space opéra, le fantastique, la fantasy ou le roman historique. Il se doit d'être original, complexe, cohérent et quand il se veux référentiel (ce qui est presque toujours le cas), il doit impérativement maîtriser ses mythes voire si possible les transcender notamment en prenant les attentes induites par le codage du genre à contre-pied. Mais dans ce dernier cas, cela risque d'heurter les attentes de la majorité des amateurs (ex: "La tour sombre" de S.King ou "Le soldat chaman" de R.Hobbs qui sont loin de faire l'unanimité parmi les aficionados de fantasy). Là se trouve la frontière entre le véritable auteur qui sait envoyer le lecteur se faire voire quand la nécessité se fait sentir et l'écrivain serpillière qui n'a pour objectif que de sortir un produit calibré pour une communauté de fans despotiques. Je te laisse deviner où je classe les deux auteurs cités plus haut.

Les concepts: Secondaire car vraisemblablement la majorité des lecteurs n'en ont absolument rien à carrer alors que c'est typiquement le genre de chose essentielle à mes yeux. Que ce soit assumé dans des réflexions philosophiques explicites ou complètement inconscient, raconter une histoire c'est raconter une vision du monde, de l'homme, des petits oiseaux, enfin bref, on se comprend. Et il n'y a rien de pire que les concepts à la ramasse dont l’imbécillité n'a souvent d'égale que l’ego disproportionné (et la quéquette sou-dimensionnée) des auteurs qui en use et abuse. Les quatre critères fondamentaux auront beau être parfaitement maîtrisés, dès l'instant où tu te dis "Mais quels tissu de conneries !", il est évident que le livre risque de finir en vente à 1€50 sur P..... à la vitesse de la lumière. Le pire étant les livres ouvertement ou non idéologiques, où on a le droit à un préfabriqué de conceptualisations en vogue généralement d'une bêtise crasse voire coupable. Ainsi si l’esbroufe pseudo-philosophique d'un Bernard Werber, qui est à la pensée ce que Dorothé est à la chanson, reste inoffensive et ne provoque généralement que le désintérêt total, nombres d'auteurs français qui ont le chic pour pondre du vide dans un style ampoulé et dont le succès critique repose uniquement sur la moraline qui dégouline littéralement de leur plume ont quant à eux tendance à me faire cracher des flammes (et ça s'arrange pas avec l'âge).


Pour ce qui est des personnages, je pense que l'attachement passe grandement par la dynamique qui existe entre les différents protagonistes. Si il y a une cohérence entre ce qu'ils sont et la place qui leur a été assignée dans l'histoire, alors le lecteur devrait logiquement accepter les personnages. Un des meilleurs exemple en est l'ami ou l'amoureux du prota. Il arrive qu'un auteur nous vende un personnage en nous disant "C'est le meilleur ami du prota", "C'est le grand amour du prota" alors qu'à la lecture, on passe notre temps à pincer les lèvres en se demandant qu'est-ce qu'il peut bien lui trouver. Du coup, on remet en question ce que l'auteur nous raconte (fin de la suspension d'incrédulité) et le personnage est considéré pour ce qu'il est, c'est-à-dire, un banal personnage-fonction. Le lecteur appréhende un personnage à travers le point de vue narratif qui n'est que l'extension au finale du point de vue de l'auteur. Ainsi, si l'auteur aime profondément ses personnages et les comprend, alors le lecteur devrait lui aussi les aimer et les comprendre.

Concernant les défauts typiques des héros/héroïnes, je pense qu'il est nécessaire d'ouvrir la question afin d'englober l'ensemble des protas. La faute originel dans l'exercice de création des personnages est sans conteste l'instrumentalisation des protas à des fins fantasmagoriques. Si il est essentiel selon moi de prendre son pied avec son histoire et parfois salvateur de s'autoriser certains fantasmes, les personnages ne doivent jamais être un exutoire égotique.
Exemple:

Jennifer est une collégienne/lycéenne gentille, belle, intelligente et forcement modeste dont les multiples qualités lui ont attiré les foudres de ses pairs (généralement une bande de poufs hargneuses et de mâles bovins), jaloux de tant de perfection. Ostracisée par la bêtise et la convoitise humaine, la belle subit son triste sort avec le courage et l'abnégation d'un martyr que l'on destine à la fosse aux lions. Mais l'arrivée de Jason/John/Stephen (placer ici un quelconque nom américain), demi-dieu à la mèche rebelle et au pantalon extra-large va transfigurer son monde. Déclenchant un déluge hormonal sur son passage tel qu'il serait capable à lui seul de faire passer à un cycliste du tour de France le mur du son, le bellâtre saura, contrairement aux autres hommes qui semblent tous souffrir d'une épidémie de cécité inexpliquée, voire qu'aucune demoiselle n'arrive à la cheville de notre héroïne. Lui faisant la cours de manière aussi subtile qu'originale faites d'échanges humides devant un big-mac, d'élans baudelairien du style "Est-ce que tu crois au coup de foudre au premier regard ou est-ce que je dois repasser ?" et de défense de l’opprimée en rappelant sans cesse dans des discours inspirés au reste de la gente féminine leur médiocrité en comparaison d'un si beau model, le jeune homme finit par conquérir le cœur de notre héroïne. Mais lorsque Jennifer apprend qu'elle est dotés de super-pouvoirs dus à une hérédité mystérieuse qu'on lui avait jusqu'à présent cachée faisant d'elle le seul être capable de se dresser entre le monde et son anéantissement totale, elle se voit dans l'obligation de mettre un terme à cet idylle naissant, ne voulant pas affliger son aimé d'un aussi lourd fardeau. Mais ce que nos tourtereau ne savent pas, c'est qu'ils vont être amené à se confronter, Kyle/Brian/Sean étant en réalité un serviteur de l'antagoniste, envoyé dans la ville de troufignon-les-oies afin d'y apporter la destruction et le chaos. Jennifer parviendra-t-elle à sauver le monde ? Est-ce que l'amour saura éloigner Ted/Kevin/Mike du côté obscur de la force ? Seul l'avenir nous le dira.

Voici le scénar type de presque tout les débuts de romans que j'ai corrigé pendant mes années collège/lycée et qui vaux à lui seul toutes les démonstrations sur ce qu'il ne faut pas faire. Comme tu l'auras constaté, question fantasmes et clichés on se la touche carrément. Au passage, certains comprendront à présent pourquoi j'ai souvent affirmé qu'il était possible de dire en toute objectivité qu'une histoire est merdique (que celui qui ne l'a pas pensé en lisant ce petit scénar me jette la première pierre).

Sinon tu semble penser que le loupage de prota est le seul risque qui plane sur un roman alors que la réussite d'une oeuvre repose autant sur les prota que sur l'antagoniste. Si éviter les clichés en matière d'anta est tout aussi important que pour les prota, je suis persuadé que l'anta doit être, contrairement à ces derniers, un exutoire à fantasmes. M'étant déjà prononcé longuement sur ce sujet précis, je me permet de ne pas aller plus loin dans ce poste. Si mon point de vu en la matière t’intéresse, je t'invite à aller consulter le sujet sur les antagonistes publié par Chemindeplume (si je me souviens bien).


J'espère que ce poste t'aura apporté entière satisfaction.

Blaune
Bonjour, je suis Frot'man le héros qui se frotte. Je frotte le matin, je frotte le soir. Je frotte la veuve et l'orphelin. Tu feras la veuve et toi l'orphelin.
Gaëlle
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Re: questions d'un point de vue de lecteur!

Message par Gaëlle »

merci pour ces réponses précises, ça va beaucoup m'aider ! :)
FreyaJackson

Re: questions d'un point de vue de lecteur!

Message par FreyaJackson »

Coucou, je vais ajouter mon grain de sel avec des réponses cependant moins détaillées.

Question 1 et 2:

Pour q'un roman soit bon , il faut que l'intrigue soit finement nouée que l'on se dise "WAW ! "je n'y aurais jamais pensé. Il faut également se sentir voyager, être envoyé dans un autre univers et se dire j'aimerais que cela m'arrive. Ensuite, une fois qu'on lâche le bouquin pour une raison ou une autre, avoir qu'une seule envie: s'y replonger dans l'immédiat. C'est ce que plus jeune je ressentais avec Harry Potter. Je pense qu'il faut savoir doser tout cela et réussir à inventer quelque chose qui n'est pas encore sur le marché.

Ce qui me déplais dans un roman: question assez difficile. Une intrigue peut-être molle, trop de longueurs qui coupent le rythme. De plus est, une intrigue banale et déjà vu te donnerais envie de couper court à la lecture. Rentré dans le cliché du grand méchant qui tombe sous le charme de la jeune fille innocente. Le pire un scénario à la Twilight aucun intérêt. Dorénavant, ce thème est beaucoup trop abordé.

Question 3 et 4 :

J'ai en horreur, des personnages superficiels ( la fille populaire aimée de tous que tout les garçons veulent ou encore le méchant au grand coeur). C'est pourquoi il est essentiel de creuser son personnage: montrer une part de bon et de mauvais afin de lui faire ressembler au plus à la réalité. Oui c'est ça, le but est de le rendre réaliste et le lecteur pourra facilement s'identifier à lui. Et cela même si nous nous trouvons dans un contexte lointain. Il faut que l'on puisse se dire: ça aurait pu être moi ! De plus, ton personnage ne doit pas être mou ni superactif, il faut pouvoir faire ressortir ses sentiments sans que le lecteur se sente délaissée.
Gaëlle
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Re: questions d'un point de vue de lecteur!

Message par Gaëlle »

merci bcp :)
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Mario
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Re: questions d'un point de vue de lecteur!

Message par Mario »

Tu n'as pas besoin de te soucier sur ce qu'aime le lecteur ou pas. Si l'histoire que tu as décidé d'écrire, te plaît, te captive, t'enthousiasme, te fait planer à dix mille, alors elle plaira sans aucun doute à d'autres.
Une histoire peut être parfaite au niveau technique, mais ne pas forcément plaire ; comme une histoire écrite en désordre (on va dire), sans trop se soucier des règles établies, peut enflammer les passions.
Ce qui plaît dans une histoire, c'est toujours quelque chose en rapport avec sa vie passée, présente ou future (désirs à réaliser). Donc ça varie avec chaque personne, et c'est infini et illimité.
On peut évidemment déterminer des tendances, des modes, des points communs suivant les groupes de personnes et les classes sociales, le travail d'analyse peut être intéressant, mais au final on en revient toujours au début de l'aventure. Une histoire te plaît, donc tu choisis de l'écrire.
Et dans cette histoire, tu mettras des éléments de ta propre vie, consciemment ou inconsciemment, qui trouveront une accroche avec les éléments d'autres vies de lecteurs.
Tu dois écrire pour toi, d'abord, parce que c'est toi, ton univers, et qu'il est unique. Et que tu as envie d'exprimer les choses qui te hantent le jour et la nuit. Après, tu les mets en forme et tu les lâches aux quatre vents.
Et puis voilà. 8-)
Gaëlle
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Re: questions d'un point de vue de lecteur!

Message par Gaëlle »

C'est vrai que le plus important est d'écrire ce qu'il nous plait!
De toutes façons, si l'on écrit qq chose qui nous ennuie, cela se ressentira à la lecture plus tard :)
Verrouillé