La belle agonie [Résolu]

[Birdie_kittybird]

Bonjour à tous,
J'éprouve quelques difficultés avec une scène en particulier dans l'un de mes romans. Le personnage, une femme qui approche la cinquantaine se retrouve dans une situation très précaire, poursuivie par des tueurs à gage. Elle fuit ses assaillants mais est, mortellement blessée. Sa fille la retrouve et tente de l'aider à fuir, mais le personnage sait qu'elle n'y arrivera pas. Sa fille aussi en est consciente mais elle ne l'accepte pas. La femme demande à sa fille de partir pour éviter le danger mais celle-ci refuse de l'abandonner. Au final, chaque tentative ne fait qu'affaiblir la femme qui agonise lentement dans les bras de sa fille.
Le problème avec cette situation, c'est que chaque fois que je tente de l'écrire, la scène sonne faux. Il semblerait que j'aie renversé l'eau de rose sur le tapis. Pour faire simple, comment rendre cette scène d'agonie (dramatique j'en convient) crédible, émouvante mais pas ridicule et grotesque.

[ileana]

Une idée : visionne ou lis les scènes d'agonie qui t'ont marquée et note les points précis qui t'ont mis les larmes aux yeux : détails, mots, tournure des phrases...

Bonne journée !

[Mario]

Excellente idée de ileana. Je rajouterai en précisions :

L'écriture des scènes dépend avant tout du choix du style au départ. De quelle façon on va écrire. C'est ce qui va donner le format pour tout le texte : narration, description, explication. Si on écrit court en allant à l'essentiel, tout sera court allant à l'essentiel : narration, description, explication.
Pareil si on écrit long en développant. Ou en choisissant un juste milieu entre court et long, au choix des proportions.

Après il faut déterminer le ton et l'ambiance de la narration. Cela dépendra si l'on écrit à la 1ère ou à la 3e personne. A la 1ère personne, le ton sera forcément celui du personnage principal, sa façon de penser et de parler. Il faudra définir sa personnalité avec exactitude. A la 3e personne, le ton pourra être neutre, avec un récit simplement narré, ou refléter plus ou moins la personnalité de l'écrivain dans des proportions variables.

Une fois ces deux choses au point, il ne reste plus qu'à avoir une connaissance suffisante des scènes à écrire, ce qui reposera sur du vécu ou/et de la documentation suivant les situations et les cas traités.

[Birdie_kittybird]

Merci beaucoup pour vos conseils! Je vais de ce pas (ou de l'autre) faire mes lectures et mettre le tout en application!

[ileana]

N'hésite pas à poster le paragraphe en question sur le forum pour des conseils un peu + précis

[Birdie_kittybird]

Chaque respiration générait une intolérable sensation de brûlure. La notion du temps lui échappait complètement. Elle n'aurait pu dire depuis combien de temps elle fuyait ni le nombre de chutes responsables des nombreuses écorchures qui lui marbraient le corps. Elle mettait un pied devant l'autre sans réfléchir, se contentant de repousser la douleur et l'épuisement dans un recoin de sa tête. Elle devait continuer. Courir ou mourir.

Une racine, un trou, une roche? Dans l'obscurité elle n'aurait su le dire. Kaylee trébucha, dévala la pente et acheva sa course dans une carrière rocheuse. Sonnée, incapable de bouger, elle gémit péniblement. Des larmes de rage, de fatigue et de peur ruisselaient sur ses joues couvertes de sable et de sang.

Puisant les forces nécessaires au plus profond d'elle-même, elle réussit à se relever. Tremblante, chancelante, elle n'en menait pas large. Aussi, lorsqu'elle l'aperçu, son cœur sombra. Il l'avait retrouvé. Malgré sa vision trouble, la femme n'eut aucune peine à le reconnaître et le fusil de chasse pointé sur elle ne laissait aucun doute sur ses intentions.

Étais-ce l'épuisement? La résignation? La femme n'émit pas la moindre plainte lorsque le projectile la transperça. Elle tomba mollement au sol et s'abandonna à la torpeur. Quelle bonheur que de cesser de courir. De rester allongée sans bouger, de moins en moins consciente de la douleur qui irradiait de chaque partie de son corps, de son souffle laborieux et des battements désordonnés de son cœur. L'abandon. Laisser derrière les futiles inquiétudes.

Kaylee fixait le ciel, l'air hagard, les yeux perdus dans le firmament. Un tourbillon d'étoiles l'entrainait vers l'ailleurs et elle ne demandait qu'à se laisser porter.

-Maman!

Kaylee sentit son coeur faire un bond. Le tourbillon se dissipa peu à peu, pour laisser place au regard brillant d'inquiétude de sa fille.

-Kitty, tenta-t-elle d'articuler avec peine.

Un horrible goût de sang se répandit dans sa bouche alors qu'elle tentait, en vain, de se redresser. Son souffle se fit encore plus heurté. Catriona glissa son bras sous l'épaule de sa mère pour la soutenir. Elles devaient fuir cette carrière le plus rapidement possible. Après seulement quelques pas, Kaylee laissa échapper un cri de douleur avant de s'affaler au sol.

-Aller, Maman! Aller, il faut que tu te lève! Il faut qu'on parte d'ici!
-J'peux pas...
-T'as pas le choix! Aller!

Elle aida Kaylee à se remettre debout et tenta de l'entraîner à sa suite. Livide, chancelante, Kaylee fit quelques pas avant de s'écrouler à nouveau.

Catriona guida la chute de sa mère, jusqu'à ce que sa tête se pose sur ses genoux. Agitée de soubresauts, Kaylee s'affaiblissait à vue d'œil. Son regard d'ordinaire si vif semblait sur le point de s'éteindre.

-Vas...t'en...

Catriona secoua la tête, incapable d'envisager cette possibilité. Elle ne pouvait pas l'abandonner!

-Ne me demande pas de te laisser toute seule ici! Y'en est pas question!

-Kitty...please...laisse...laisse moi...sauve...sauve toi...fais le pour moi...

Catriona s'avoua vaincue. Les larmes coulaient à présent sans retenue sur ses joues pâles. Secouée de violents sanglots, elle embrassa le front de sa mère avant de la déposer doucement au sol. La jeune femme se détourna et s'enfuit. Kaylee la regarda s'en aller, alors qu'elle même empruntait une nouvelle route. Ses yeux se fermèrent et elle s'abandonna en souriant, son combat enfin terminé.

[Ulice]

C'est pas mal !

A mon goût, il n'y a qu'une phrase qui "sonne faux" comme tu dis : "Catriona s'avoua vaincue".
Pour moi, elle arrive trop vite. Et je ne suis pas sûre qu'elle reflète exactement l'état de ton personnage, si ? "S'avoua vaincue" m'évoque un abandon plutôt rationnel (ou ce n'est que moi qui l'entend ainsi ?), mais intérieurement elle doit avoir un trou noir dans la poitrine, un torrent d'émotion et de détresse doit la traverser... Plutôt que s'avouer vaincue, je préférerai un verbe comme "comprendre" ou "accepter", qui peuvent s'utiliser pour du rationnel comme pour de l'émotion.

Je te conseillerai de continuer le dialogue juste un peu :

"-Kitty...please...laisse...laisse moi...sauve...sauve toi...fais le pour moi...
- Non ! J'peux pas...
- Sauve-toi... Vis !

L'éclat dans les yeux de sa mère lui lacéra la poitrine alors qu'elle comprenait. Les larmes coulaient à présent..."

[ileana]

Salut Birdie, voici quelques suggestions

"Elle mettait posaitun pied devant l'autre sans réfléchir, se contentant de repousser la douleur et l'épuisement dans un recoin de sa tête."

"Kaylee sentit son coeur faire un bond. Le tourbillon se dissipa peu à peu, pour laisser place au regard brillant d'inquiétude de sa fille. " La douleur ne revient pas à ce moment-là ?

"-Vas...t'en..." Va (impératif)

"Catriona secoua la tête, incapable d'envisager cette possibilité. Elle ne pouvait pas l'abandonner! " Que ressent-elle ? Son coeur se déchire ? Elle est trop en état de choc pour ressentir quoi que ce soit ?

"Catriona s'avoua vaincue." Ça arrive trop vite à mon sens. Comment en vient-elle, en 2 phrases à peine, à passer de "je ne t'abandonne pas" à "OK, je te laisse mourir au milieu de nulle part" ? À expliquer un peu plus pour qu'on puisse la comprendre et donc s'identifier à elle ou au moins, être en empathie vis-à-vis d'elle. J'approuve complètement le commentaire d'Ulice.

[Birdie_kittybird]

Merci à vous pour vos commentaires! C'est très éclairant. Je vais le retravailler en fonction de ces détails!