Et la créature prit le contrôle du créateur.

[Lord Tac]

Bon, bon. Je vais avaler mon "chiantos" et vous pomper l'air avec ma question.

Voilà, j'ai parlé y a quelques minutes du problème que je trouvais à Stephenie Meyer dans ses oeuvres et je voulais voir comment vous le voyez. J'ai noté chez elle une certaine propension à la sauvegarde de ses personnages. Il me semble qu'elle a expliqué ne pas pouvoir se résoudre à tuer ses personnages. Et c'est facilement reconnaissable pour les connaissance (restreintes, je l'avoue) que j'ai de ce qu'elle fait. Même les "méchants" restent en vie, et même se repentent parfois.
Bref, je voulais savoir, dans un récit, qui est censé décider de l'avenir de ses personnages ? Nous, eux, l'histoire elle-même, les lecteurs ? Est-ce l'histoire qui doit tourner autour des personnages, ou sont-ceux -Très laid comme tournure !- les personnages qui doivent entrer et/ou sortir de celle-ci ?

Voilà en gros. C'est le fouillis mais je sais que vous y retrouverez. J'ai confiance en vos capacités intellectuelles ! -Plus qu'en les tiennes ne tout cas.-

[Thanaelys]

T'es-tu posé la question, mais avec un autre auteur ? Hum, juste au hasard : George R. R. Martin ?

[Lord Tac]

Elle ne sert qu'à introduire ma question. C'est juste un exemple (plus ou moins bon) du lien entre créature et créateur. Mais avec George R.R. Martin, ça marche aussi. Sauf que je n'ai pas lu les livres ou écouté des interview de Martin, je ne peux pas avoir sa position par rapport à ses personnages. Meyer, elle, est en quelque sorte "soumise" au lien qu'elle a créé entre elle et eux au point de ne pas vouloir les tuer à tous prix. Quitte à perdre de la profondeur parfois et de la cohérence à la fin.

Je veux juste savoir quel est votre rapport à vos personnages, pour faire résumé ? (Dieu vs création, égal à égal,... -Ou soumis !- Hum, ouais en gros). Est-ce que vous avez le droit de vie et de mort sur eux (comme Meyer ou Martin) ou est-ce que vous laissez l'histoire que vous racontez vous obliger à le faire ?

je sais que je suis pas clair, mais j'ai du mal à formuler là

[Zihann]

Je crois que les personnages sont là, "existent" pour raconter une histoire...
Je comprends qu'on s'attache à ses personnages et que ce ne soit pas facile de les tuer. Mais pour reprendre l'exemple de Twilight, toute l'intrigue est construite sur la confrontation avec les "méchants". Quand à la fin, tout s'effondre et se dégonfle comme un soufflé raté, c'est affligeant.
Elle aurait été beaucoup plus crédible en racontant la bonne bagarre, même si ça impliquait forcément la mort de certains personnages attachants. Mais c'était dans la logique de l'histoire, dans la dynamique. Laisser les tensions retomber, OK, le happy end est toujours réjouissant, mais on referme le livre avec la question "quoi ? Tout ça pour ça ?" Un peu frustrant.

C'est difficile de tuer un personnage qu'on a créé de toutes pièces, avec ses qualités et ses défauts. Je crois que c'est un mécanisme normal de s'attacher à ses personnages. Dans ma première histoire, j'ai écrit la mort d'un de mes personnages principaux. J'étais très mal quand "je" l'ai "tué"... C'était un point important que je ne pouvais pas éviter ou alors, il n'y avait pas d'histoire... Ou alors, on écrit pour les bisounours...

Je me souviens avoir lu une interview d'Eric Emmanuel Schmidt qui a écrit "Oscar et la dame en rose". Il disait qu'il avait voulu être seul dans son appartement quand il est arrivé au moment d'écrire la mort d'Oscar. Il s'est laissé emporter par les émotions et était bouleversé en écrivant ces pages. Cette émotion ressort à la lecture du livre.
Donc, oui, les personnages sont là, existent pour nous permettre de raconter une histoire, de transmettre des émotions, même si c'est au prix de leur "vie" de papier.

[Thanaelys]

Je parle de lui parce que j'avais lu (l'été dernier quand j'ai commencé à faire des recherches sur "comment écrire un roman") une interview de lui sur sa relation qu'il avait avec ses personnages. C'était en plein dans ton sujet !
J'ai une image qui peut illustrer ce propos :



Et j'en ai pleins d'autres comme ça.

D'ailleurs, c'est la même chose avec J.K. Rowling. Cette femme a tué Dumbledore, Sirius Black , Rogue , Fred Weasly, Maugrey Fol Oeil, Lupin et Tonks (alors qu'ils venaient d'être jeunes et heureux parents ), Hedwige et Dobby ... Et encore, ce n'est qu'une liste non-exhaustive.

C'est un sujet super intéressant xD

Pour ma part, j'en suis encore qu'au début de mon histoire et je ne vois pas encore l'intérêt de les tuer. J'ai, cependant, quelques idées pour la suite. Ils ne vont certainement pas être tout blanc ou tout gris.

[Lord Tac]

Je n'ai pas encore eu la chance et le malheur d'arriver jusque là dans mes récits. J'ai toujours eu de l'appréhension pour quand je devrais tuer certains de mes personnages pour les besoins des intrigues. Qui voudrait tuer un tout qu'il a créé ? Alors je voulais avoir des retours de personnes ayant déjà franchi le pas. Savoir les ressentis.

Merci pour ces informations Zihann.

[Lilou]

Pour ma part, j'aurais tendance a dire que c'est important de savoir tuer ses personnages. En fait, je pense qu'on crée l'histoire, les personnages, mais qu'au final, c'est eux qui mènent le reste de l'histoire. Ce qui manque dans les Twilight justement, c'est le manque de réalisme. Une bataille qui aurait du être sanguinaire, au final, rien du tout, pas de morts et.... Et pis voila, c'est pas ce qu'il y a de plus logique, ni de plus vraisemblable.

Il m'est arrivé de devoir tuer certains personnages, dont un dans une nouvelle qui le tenait particulièrement a Coeur. J'ai hésité longtemps, je me suis dit que si j'allais le sauver... Et au final le personnage l'a emporté et au fur et a mesure des lignes, je me suis rendue compte que je ne pouvais plus reculer et qu'il devait mourir. J'en ai presque pleuré quand j'ai écris sa mort. Mais je n'avais plus le choix.

Du coup, je dirais qu'on crée les personnages, qu'on les place dans une histoire, puis qu'ils vivent un peu leur vie :D

[Lord Tac]

J'ai une amie à moi qui pense exactement la même chose que toi sur ce sujet.

[Zihann]

Je suis d'accord avec toi, Lilou, dans une certaine mesure...

Bien sûr que les personnages vivent leur vie, nous échappent en quelque sorte.
Mais si on veut écrire une histoire qui tient la route, il faut savoir les tuer ou les mettre dans de mauvaises situations...
Leur vie, même si elle nous échappe un peu est liée à l'histoire... L'histoire que nous voulons raconter est la raison d'être des personnages. Sans histoire, pas de personnages et sans personnages, pas d'histoire... S'il n'arrive jamais aucune bricole à nos personnages, il n'y a pas d'histoire ou si peu...

Si toute la dynamique de notre histoire tend vers la mort de l'un d'entre eux, ce serait nier l'histoire que de trouver une entourloupe pour sauver le personnage... L'histoire perd sa crédibilité... Tout ça par sentimentalisme envers un être de papier, né de notre imagination. Alors, même si c'est difficile de faire souffrir un personnage auquel on s'est attaché, voire même identifié, c'est humain... Mais c'est parfois nécessaire de les tuer si leur mort sert l'histoire.

[Thanaelys]

Je viens de tuer un perso important pour moi aujourd'hui. Je ne pensais pas le faire si tôt dans l'histoire mais c'était utile à la suite des événements. Ça donne un rythme et un ton. Bref, je n'en suis pas mécontente.
Je n'ai pas eu le temps de m'y attacher réellement mais ça m'a fait un petit pincement au coeur...

Je suis de l'avis de Zihann ! Même si parfois mes personnages m'embarque dans autre chose ! On a besoin de les recadrer de temps en temps