Ecrire en ces temps durs.

Posez ici vos questions à propos de la motivation et de l'inspiration.
Lightning
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Ecrire en ces temps durs.

Message par Lightning »

Bonjour,
Ça fait longtemps que je ne viens plus ici régulièrement, je vois qu'il y a des nouveaux qui arrivent, des anciens qui ne sont plus là, du changement parmi les modérateurs. Bref, je m'égare. Comment écrivez-vous, comment vivez-vous cet atmosphère ? Ecrivez-vous sur des sujets sombres ou au contraire légers ? Avez-vous changé vos habitudes ? L'écriture est elle un moteur ? Un soulagement ?
Pour ma part, ça fait longtemps que je n'ai rien écrit. Pas par choix, juste parce que je n'arrive pas à m'ancrer dans un projet, à tisser un lien avec mes persos... Depuis que j ai envoyé mon manuscrit, il y a à peu près deux ans (refusé partout ou je l'ai envoyé), j'ai le syndrome de la page blanche. En passant, j'ai remarqué une grosse incohérence dans ledit manuscrit.
On m'a fait remarquer que les temps étaient sombres et que ça n'aide pas de faire des trucs trop lourds, mais des choses qui détendent. Je ne lis plus trop de thriller.
Et dernière question , est ce que vous aussi l'impression qu'on est dans un roman dystopique ?
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Mario
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Re: Ecrire en ces temps durs.

Message par Mario »

Écrire sombre et lourd, ou léger et joyeux, ne joue pas sur l'envie des lecteurs, et malgré le contexte actuel qui n'est pas des plus réjouissant. Un roman doit être parfait dans le sens où il répond à une maîtrise du style, des personnages, de l'intrigue et de la structure. Ce sont-là les quatre éléments qui forment la trame et l'essence d'une histoire.
Le style peut prendre diverses formes, qu'il soit littéraire populaire poétique journalistique, il reflète la pensée de son auteur-e. L'essentiel est de bien tourner les phrases, d'éviter les lourdeurs, et de ne pas faire de répétitions inutiles.
Les personnages n'ont pas besoin d'être développés à l'extrême, ou à être analysés au microscope. Un personnage se caractérise par son nom, son entrée en scène, et son habitat. Après, ce qui le révèle, ce sont ses actions. Pas besoin d'expliquer une situation en ajoutant des informations, le lecteur doit pouvoir capter ce qui se passe et se faire sa propre opinion.
Pour l'intrigue, il y en a autant qu'il existe d'histoires. Il suffit de lire des résumés de films et séries. Les modèles sont foison.
Quant à la structure, il sera toujours question d'une exposition, d'un développement et d'un dénouement. Pour approfondir, voir le paradigme de Field, les 12 étapes de la quête du héros de Christopher Vogler, les 22 étapes organique de John Truby (Google). Et l'on en saura assez pour mettre en place toutes les scènes.
Si un tapuscrit est refusé, c'est peut-être qu'il ne correspond pas à la ligne éditoriale de l'éditeur, et peut-être qu'il comporte des faiblesses. Elles ne peuvent se trouver qu'au niveau du style, des personnages, de l'intrigue et de la structure. Donc faire un chapitrage, noter les scènes, tester l'intrigue, définir leurs places sur le paradigme de Field, ce qui revient à voir la structure. Pour les personnages, leur développement dépendra du style choisi : si l'on écrit court et direct, tout sera court et direct : narration, description, dialogues, explications, présentation des personnages. Des lecteurs aimeront lire long et développé, On ne peut pas plaire à tout le monde.

Pour la vie d'un forum, c'est comme la vie en général, de tous les jours : on rencontre des personnes, on tisse des liens, la vie avance, on les perd de vue, d'autres arrivent, etc.
Perso j'ai choisi d'écrire dans le style comédie, j'estime qu'il y a déjà assez de choses sombres dans ce monde. Après c'est une question de choix.
Je n'ai pas changé mes habitudes, j'essaye de vivre chaque moment comme une nouveauté, j'essaye de transformer le réel en positif, je me fais mon cinéma comme on dit. Je suis en permanence dans le rêve, le fantastique, la SF. Parce que la réalité, en apparence normale, repose sur des choses invraisemblables et qui nous dépassent. Il suffit d'élargir sa conscience et d'aller faire un tour dans l'espace. On n'a pas fini d'en voir le bout, et c'est très bien comme ça.
L'écriture est un psycho-moteur, c'est même le moteur principal, universel, absolu. Avec toutes les formes d'arts. C'est plus qu'un soulagement, c'est la panacée, la pierre philosophale, l'eau de jouvence.

Depuis que le monde existe, avec toutes les civilisations qui se sont succédées, on a toujours été dans une ambiance plus ou moins dystopique. En ce moment plus que jamais, alors qu'au 21e siècle, avec le modernisme, on devrait être plus avancé que ça. Ce qu'il y a, des informations capitales concernant la vérité de la création ont été occultées par des groupes de personnes pour freiner l'évolution naturelle du monde. D'autres planètes ont réussi l'évolution, nous sommes à la traîne. C'est comme ça, ça arrive, c'est le principe du libre arbitre. Mais les gens finissent par se réveiller, comprendre ce qui se passe, et la vérité émergera au grand jour.
On traverse tous des moments de blues, mais la vie est la plus forte, la lumière ne s'éteint jamais dans son cœur, et il suffit d'une pensée, d'une parole, d'un sourire, d'un Mars (si on veut), et tout repart de plus belle ! 8)
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Chamane
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Re: Ecrire en ces temps durs.

Message par Chamane »

Bonjour Lightning,

Ton questionnement actuel m'a touchée plus que tu ne peux l'imaginer. :hug:
En te lisant, j'ai eu la sensation que tu avais baissé les bras.
Je ne te connais pas, mais sache que tu n'es pas seul.
La communauté du forum, même si certains membres sont partis et d'autres sont arrivés, est toujours là et tu en fais partie : nous sommes là pour nous soutenir mutuellement. :sun:

Notre monde est-il dystopique ? Par définition non.
Mais ce monde dans lequel nous vivons est-il étrange ? À coup sûr, oui. Comme il l'a toujours été et le sera toujours. Nos peurs et nos joies ne sont plus celles de nos arrières-grands-parents et ne seront pas celles de nos arrières-petits-enfants. C'est ainsi. Tout change et évolue sans cesse. L'impermanence des choses est l'une des rares certitudes que l'on puisse avoir.
Au-delà de ça, il y a des questions qui n'ont pas de réponse. Dès lors, Il est prudent de ne pas s'y attarder et de passer à la suivante, en l'occurrence "quelles actions puis-je mener pour que le monde ressemble plus à ce que je voudrais qu'il soit ?" 8)
Puis ensuite, essayer, tomber, se relever, essayer encore, se tromper, apprendre, et continuer ! :y:

Pour le syndrome de la page blanche, j'ai immédiatement pensé à la chute de cheval. Il est clair que le refus par les éditeurs peut être dur à encaisser, mais il existe aussi des refus pour lesquels certains éditeurs se sont ensuite mordus les doigts (je me demande si la saga Harry Potter ne rentre pas dans cette catégorie, d'ailleurs... c'est dire la boulette...) :lol:
Ensuite, après un gros break et face à un blocage comme tu les évoques, il faut recommencer petit, sans objectif, sans pression.
De courtes histoires, sans aller trop dans le détail. 500, 1000, 1500 mots, peu importe : l'essentiel est de retrouver le plaisir de manier les mots, sans aucun autre but que jouer avec. Un enfant qui joue aux LEGO ne le fait pas pour la postérité et casse ce qu'il vient de construire sans l'ombre d'un regret pour aussitôt rebâtir autre chose. Et ça, pendant des heures. Retrouve ce plaisir d'enfance avec les mots.

:sun: Donc hop ! Passage à l'action ! :sun:
Participe à quelques jeux, écris quelques petits textes et poste-les sur le forum, même si c'est cucul la praline, incompréhensible, barré, psychédélique, sombre, déjanté, brutal, violent, peu importe : nous ne sommes pas là pour juger, mais pour aider. :sun:

Au plaisir de te lire ;)
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Lightning
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Re: Ecrire en ces temps durs.

Message par Lightning »

En fait, je ne crois pas m'être exprimée de façon compréhensible. Non, Chamane, le blocage n'a rien à voir avec le refus du manuscrit. J'y été préparée. Je connaissais les statistiques : moins de 1% des manuscrits envoyés étaient acceptés.
Pour la vie du forum, c'est juste une constatation. Je sais comment ça marche. Les gens qui entrent et sortent de nos vies. Nous même qui sortons de la vie des autres. Rupture, malentendu, décès, changement de personnalité qui deviennent incompatibles, éloignement physique.... Et ce dans un couple, entre amis, famille. Ce qui permet de faire de nouvelles rencontres.
Perso j'ai choisi d'écrire dans le style comédie, j'estime qu'il y a déjà assez de choses sombres dans ce monde. Après c'est une question de choix.
C'est plus cela que je voulais dire. Le fait de "broyer du noir", d'être dans un univers glauque, qui peut déprimer encore plus. Au lieu de se détendre. Enfin, c'est une réflexion qui m'a été faite, ainsi que de ne pas trop penser à la publication au lieu d'écrire.
Je n'ai pas vraiment baissé les bras, disons que je m'occupe avec autre chose en attendant que ça revienne. Je suis du genre à foncer tête baissée (le plus souvent dans le mur), et à m'autoflageller si je ne réussi pas. Je lis, ce qui est un début... Même si Mario m'a dit une fois, que ce n'était pas le tout, que certaines personnes lisaient beaucoup et ne savaient pas écrire, si je me souviens bien. Mais ça permet de s’imprégner et au delà, de se faire plaisir, de s'aérer l'esprit. Ne pas être trop centré sur l'écriture peut avoir du bon, il faut s'ouvrir pour avoir l'inspiration.
J'en viens à mon réel problème : j'ai des idées, mais elles ne restent pas, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, ou alors ça ne m’intéresse plus. Je n'arrive pas à nouer le lien avec des persos. J'avais une connexion avec mes anciens persos, c'était presque magique. Mais là, je ne sais pas, plouf, je ne me fixe plus. Je pense que ça ne marche pas à partir du moment où on se force à écrire quelque chose qui ne nous convient pas. Pas de plaisir, et du temps qu'on aurait pu utiliser autrement.

L'erreur que j'ai faite dans mon tapuscrit entre autres, c'est une grosse incohérence. L'héroïne, amnésique, reprochait à sa copine de ne pas lui parler de son passé. Alors qu'elle même ne le faisait pas , vu qu'elle n'avais pas de souvenirs.
Sinon, pour les contrats, tout le monde peut en avoir, j'ai reçu une proposition.Mais c'était à compte d'auteur, je n'avais pas fait attention en envoyant, j'étais pressée. Ils demandaient 1500€. Je n'ai pas répondu. Je pense qu'ils l'ont lu, juste pour s'assurer qu'il ne contenait pas de propos discriminatoires, haineux ou inadaptés.

Ce qu'il me faut c'est une intrigue qui me tienne à cœur, qui vienne de mon cœur (ou mes tripes, c'est selon). Je ne baisse pas les bras. Simplement, j'aimerais pouvoir me sortir de ce blocage. Je dirai qu'il y a un temps pour tout.
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Re: Ecrire en ces temps durs.

Message par Chamane »

Oups, pardon, j'avais en effet compris à côté de la plaque. :glousse:
Bon, c'est vrai, j'avais des circonstances atténuantes, parce que les deux infos (blocage et refus du manuscrit) étaient dans la même phrase.
J'ai donc confondu allégrement corrélation et lien de cause à effet. Merci de m'avoir détrompée ;)

Lecture / écriture : effectivement, je reconnais dans ce que tu évoques l'évangile selon Saint Mario 8)
Lire beaucoup => meilleure écriture n'est vrai que dans des cas particuliers comme celui des personnes ayant un talent inné, ou déjà un bon niveau.
En transposant sur d'autres domaines, on peut tout de suite voir la limite de cette inférence "je lis beaucoup => je progresse en écriture" :
"si je regarde beaucoup le sport à la télé, je suis une grande sportive !" ... ou pas.
Mais un champion de tennis, lui, va tirer un grand profit du visionnage des parties de son adversaire avec son coach. Car il aura l'œil et l'expérience pour analyser, et élaborer une stratégie.
Un artiste, lui, tirera sans doute une grande source d'inspiration dans le travail de ses confrères. Il n'est pas question de plagiat, bien sûr, mais juste, en se frottant au travail des autres, de se secouer suffisamment les neurones pour les sortir de leurs ornières. Mais pour ça, il faut avoir un œil, une sensibilité affûtée, un minimum de bagage technique.
Donc un auteur ayant déjà un certain niveau en écriture saura tirer partie de ses lectures, car il aura l'œil pour repérer et le bagage pour comprendre les techniques utilisées, que ce soit au niveau de l'utilisation de la langue, ou dans l'organisation du récit.
Un auteur débutant et sans talent particulier verra des suites de mots qui font des phrases, qui elles-mêmes font des chapitres, mais il ne verra probablement pas grand chose de la qualité du tissage.

Je pense que ça ne marche pas à partir du moment où on se force à écrire quelque chose qui ne nous convient pas. Pas de plaisir > Bingo ! Le mot clé, c'est "plaisir".
Forcer l'inspiration le semble très différent de respirer avec grâce. Je parle par expérience. Une nouvelle qui devait me prendre un mois et qui a pris ... 6 ans à sortir. Je n'arrivais pas à m'y mettre, parce que c'était de l'écriture sur commande. J'avais créé une histoire, mais la fin ne m'enthousiasmait pas du tout. Il y manquait le truc qui aurait parlé à mes tripes. Dès lors, il ne fallait pas s'étonner que je lâche l'affaire au milieu du gué. Je freinais des quatre fers chaque fois que je voulais m'y coller, car c'était du travail laborieux au lieu d'être un plaisir. J'aurais été capable de continuer comme une tâcheronne pour aller jusqu'au bout, mettre le mot fin au supplice. Mais... Pour quoi faire ? Pour moi, ça ne marche pas comme ça.
Donc, si j'ai bien compris ce que tu as écris (admire ma prudence ;), je pense que nous nous ressemblons de ce point de vue (et aussi dans la connexion aux personnages). Jette un œil au Scribouillard Galactique n°1, p2, 2e article "Inspiration", et dans le Scribouillard n°2, p3, 1er article "Erreur fatale", et dis-moi si ça te parle ;)

j'ai des idées, mais elles ne restent pas, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, ou alors ça ne m’intéresse plus. > Est-ce que ce n'est pas une question de moment ? Il m'est souvent arrivé d'avoir des idées fabuleuses alors que j'étais sous la douche. Tout s'emboîtait, c'était magique. Aujourd'hui, ce processus survient lorsque je fais de la marche rapide. Mais si je ne me colle pas tout de suite à l'écriture en revenant à la maison, l'idée ternit, perd du relief et devient horriblement plate et banale. Un peu comme une photo qu'on a prise d'un site magnifique et qui ne rend pas comme on l'a vécu. Ce que j'ai perdu entre temps, c'est la magie de la rencontre avec l'idée, et les tous petits détails qui faisaient que vraiment, elle était chouette cette idée. La seule solution que j'ai trouvée à ça, c'est de m'y mettre quand ça vient, mais ce n'est bien sûr pas toujours possible. Ça peut passer aussi par une prise de notes, mais il faut qu'elle soit extensive, sans quoi ça ne va pas, je n'ai pas les détails qui changent tout.
Et toi ? As-tu identifié pourquoi il y a quelque chose qui ne va pas ? Pourquoi ça ne t'intéresse plus ?

Je n'arrive pas à nouer le lien avec des persos > Est-ce que tu ne peux pas les faire vivre AVANT ton histoire, par exemple avec des petites saynètes où tu les mets en situation, et qui te permettraient de mieux cerner leur personnalité ?
Je m'explique : j'ai été une fervente pratiquante des jeux de rôles (Maître de jeu et joueuse). Mes personnages avaient toujours un petit truc en plus, une vraie personnalité, car je leur avais créé une histoire, une jeunesse, des souvenirs, parfois des traumatismes, bref, tout ce qui fait qu'une personne se retrouve avec des qualités, des défauts, des forces et des faiblesses. Dès lors, jouer le personnage était comme passer la soirée avec un ou une ami·e. Mieux, parfois, certains personnages m'ont soufflé des réponses dans la vie réelle. Je me suis trouvée devant des épreuves où j'ai pensé "comment ferait Syl pour se sortir d'une situation comme celle-là ?" : en l'occurrence, le courage de ce personnage m'en a insufflé. Mais ça, c'était possible uniquement parce que le personnage avait pris une existence propre. Il n'était pas juste un nom et deux trois caractéristiques sans épaisseur.
À voir si cela peut t'aider à débloquer la situation.

L'héroïne, amnésique, reprochait à sa copine de ne pas lui parler de son passé. Alors qu'elle même ne le faisait pas , vu qu'elle n'avais pas de souvenirs. > Alors franchement, je dois être gourdasse, car je ne vois pas où est le problème : les relations amicales s'équilibrent rarement de façon symétrique. :suspect:
Je n'ai pas dû bien saisir la situation.

:sun: belle journée à toi ! :sun:
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Re: Ecrire en ces temps durs.

Message par Lightning »

Merci pour cette réponse détaillée. J'ai réfléchi à tes questions sur les idées qui partent, et je me dis que je n'ai pas de suite à écrire et peut être, que je n'ai plus Besoin de raconter ça, que j'ai dire ce que j'avais à dire. Et mon avant dernier projet, je l'ai arrêté car trop sombre. Le dernier plus d'idées non plus.
Les liens avec mes anciens perso, le fait de les avoir près de moi, dans mon esprits, oui. Même si je pense qu'ils étaient moins forts que les tiens.
Pour le dernier point, l'héroïne amnésique est une espionne et commence une relation amoureuse avec une de ses coéquipiers, elle ne sait pas à qui faire confiance. Du coup avec ce rapprochement, elle réalise que la fille en face cache des choses et commence à douter, car elle ne sait rien du passé de cette fille. Le truc , c est qu'elle lui reproche d'avoir des secrets et de ne pas être sincère. Et l'erreur, c'est que l’héroïne elle même n'a rien partagé de son passé car elle ne s'en souvenait pas. Et donc, la fille aurait pu lui dire qu'elle faisait la même chose et que sa question n'avait pas de raison d'être.
Effectivement, sans contexte, c'est dur de comprendre. Tu n'es pas "gourdasse".
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Message par Chamane »

Ahhhhhhhhhhhhhhhh ! Ok, j'ai saisi pour le contexte et la réciprocité de la question des souvenirs non évoqués. Oui, là, effectivement, c'était un oubli fâcheux.

Longueur des récits : il en faut pour tous les goûts et tous les talents. Certains sont faits pour écrire des romans fleuve de 1 500 pages, certains pour les nouvelles. Ce n'est pas le même art, cela demande des compétences différentes (comme un coureur de fond et un sprinter). Peut-être es-tu plus faite pour écrire des nouvelles (pourquoi pas sur un même univers, ou pas, tout est permis) : as-tu envisagé un recueil de nouvelles ?

Arrêté car trop sombre : je crois saisir de quoi tu parles. Parfois, on écrit pour crever un abcès. Quand ce dernier est en voie de guérison, il vaut mieux le laisser se refermer en levant les mains du clavier, et passer à autre chose. C'est un processus sain.
Pareil quand on n'a plus rien à dire : ça ne sert à rien de vouloir continuer à avancer lorsqu'on est déjà à destination.

Je me demandais : quand tu écris, tu fais un plan ? des fiches de personnages ? comment écris-tu en fait ?
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Message par Lightning »

Je n'ai pas parlé de longueur de récits ? Je n'ai pas particulièrement d'affinités avec les nouvelles.
Trop sombre, en fait c'est surtout qu'on m'a conseillé de pas trop écrire de choses tristes. J'allais reprendre mes notes sur mon avant dernier projet, (celui qui est sombre) mais je ne comprends pas ce que j'ai écrit .Surtout que j'ai vu un texte de Nicolas avec la brume dans "romans" et moi aussi j'écrivais sur une brume, j'ai vu un signe dedans. L'intrigue évoluait donc il y a des choses contradictoires. Des intrigues secondaires à créer aussi. Et du coup, je ne sais pas si j'arrive à retisser mes liens, ou si j'attends d'avoir l'inspiration pour un autre projet. Bref, je verrai ce que ça donne.
Par contre, oui , j'avais des projets qui reflétaient ma vie, mais j'ai abandonné, va savoir pourquoi.
J'écris sans trop de plan. Enfin, pour mon tapuscrit, et ça m'a joué des tours. Intrigue bancale, incohérences, etc...C'est pour ça que j'essaie de structurer plus maintenant. Oui, j'avais des fiches persos .
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Re: Ecrire en ces temps durs.

Message par Chamane »

Coucou Lightning !

Quelques pensées ci-après. Pas sûr qu'elles correspondent à ta situation, mais je lâche ce qui me passe par la tête, en m'appuyant sur ma propre expérience : peut-être avec un peu de chance quelques phrases te parleront dans ce qui suit :)

Longueur : aïe !
Effectivement, si tu n'as pas d'affinité avec un format court, ça ferme des portes. :X
La nouvelle a l'avantage de permettre de s'y lancer sans trop de préparation. Une idée fuse : on se lance, quelques centaines, quelques milliers de mots, le tour est joué, ça fait sens, l'unité est là et malgré tout, les personnages peuvent marquer durablement (j'en ai quelques uns comme ça qui toquent régulièrement à ma porte en me disant qu'ils sont prêts pour une suite).
On n'a pas vraiment le temps de se lasser ni de douter dans se format (enfin moins que dans un format long).
Je l'ai découvert à mes dépens, l'écriture d'un format long, structuré, demande un travail tout autre que de jouer avec les mots.
Certaines rares personnes peuvent sans doute s'y lancer à l'improvisade, je ne suis pas de celles-là, et j'ai dû organiser.
C'est un travail qu'on peut voir comme aride ou passionnant selon son propre état d'esprit, car il demande de la minutie.
J'ai la chance que ce travail ne me rebute pas, mais j'ai la "malchance" de suivre l'inspiration : souvent, je sors des clous car quelque chose s'impose à moi, qui n'était pas dans le plan. Le choix est cornélien : si je l'écoute, je dois revoir tout mon plan à partir de là, si je ne l'écoute pas, je vais en souffrir et dès lors, l'écriture perd de son attrait.
J'en ai conclu que dans mon cas, il était nécessaire que je construise des fondations et une charpente, mais aussi que je devais être prête à tout raser pour recommencer si d'aventure l'inspiration m'entraînait ailleurs. Je cherche encore des solutions pour que cette situation soit plus motivante que décourageante.
Tout est là en fait : ne pas perdre de vue l'objectif, et s'adapter sans cesse avec nos forces et nos faiblesses, trouver les moyens qui conviennent à notre personnalité, pour ne pas s'égarer en route, les mettre en œuvre et continuer d'avancer vers l'objectif.
Trop sombre / trop léger :
Une question me brûle les lèvres depuis le début : Qui te conseille de ne pas écrire de choses tristes ?
Je suis convaincue qu'on ne peut pas écrire longtemps à contre-courant de ses propres instincts et besoins.
Si quelque chose de triste sort sur le papier, ce n'est pas un hasard : il y a une raison, et potentiellement un besoin.
Ne pas respecter cela, c'est ne pas se respecter. Comment veux-tu continuer à écrire dans ces conditions ?
Écris des choses tristes si tu en éprouves le besoin. D'ailleurs, en couchant ta tristesse sur papier, il est possible que tu accèdes à un état plus ensoleillé ensuite, car tu te seras débarassée de ce poids.
Penser au lectorat est une chose, mais cela ne doit pas dicter ta conduite.
Un artiste sort ce qu'il a dans les tripes. Après, ça se vend ou ça ne se vend pas, mais ce n'est pas du tout le propos alors qu'il est en train de peindre/chanter/danser/sculpter/écrire. En revanche, s'il n'écoute pas le petit génie qui s'est posé sur son épaule, il y a fort à parier que ce dernier finira par repartir en concluant qu'il prêche dans le désert et que ce n'est pas le bon moment.
J'avais un ami artiste-peintre qui gérait cette situation à sa façon : d'un côté, il peignait pour lui. Il sortait ce qu'il avait envie de matérialiser. C'était puissant, fort, ça se vendait parfois, mais pas suffisamment pour en vivre. Alors, il peignait aussi en série des scènes nautiques. Ça le gonflait parce que ce n'était pas son truc. La force de son trait se voyait bien dans ces œuvres alimentaires, mais s'il n'avait fait que ça, il aurait assurément dépéri. En résumé, il peignait des trucs faciles pour manger, et suivait sa nature quand ce premier besoin était satisfait. Il avait trouvé son équilibre, qui lui permettait de s'épanouir ainsi, et de vivre de son travail.
J'allais reprendre mes notes sur mon avant dernier projet, (celui qui est sombre) mais je ne comprends pas ce que j'ai écrit. >
Ça, assurément, c'est balot. Ça m'arrive parfois. Des projets, qui me parlent à un instant t et plus du tout en suite.
Ils correspondent à la météo mentale du moment. Un mois, un an, a fortiori dix ans après, le contexte est différent, on a évolué, et on ne comprend plus d'où c'est sorti. Parfois, quand je retombe sur des fragments épars comme ça, ça évoque de très vagues réminiscences, et souvent, je me dis : "oulah ! je n'allais pas bien à l'époque..." ou bien "ah oui ! je me rappelle. Cette question me turlupinait à l'époque." ou bien encore "Hein ? C'est moi qui ai écrit ce truc ? C'est nul / c'est moche /je n'y comprends rien / c'est vide / c'est plat, etc." Je laisse dans un coin au cas où, mais je ferais mieux de benner tout ça en fait, car j'ai la certitude que je n'y retoucherai jamais.
Des fois pourtant, il y a une certaine magie : un début d'histoire que j'ai écrit il y a 15 ou 20 ans, que je n'avais pas continué parce que je ne savais pas où j'allais. Je retombe dessus par hasard, et là, je vois instantanément tout un potentiel !

Voili voilou !
J'en profite pour te remercier d'avoir lancé ce sujet. Il m'aide à faire le point moi aussi. :sun:
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Longueur : Je n'aime pas spécialement mais j'en écris des fois.

Trop sombre / trop léger : ma mère, qui s’inquiète pour mon état psychologique et qui a peur que je broie du noir, qui trouve que ça n'aide pas avec le contexte et qu'il vaut mieux de pas s'entourer de bonnes choses. Et qui me dit la même chose que toi, n'écris pas pour être publiée/le lectorat, ne te brides pas, écris pour toi. Je pense qu'elle aimerait me voir aller bien (en fait, c'est même sûr) . Et pas à écrire des choses trop sombres.

Mon ancien projet :
"je ne comprends pas ce que j'écris" , c'est au sens propre. Pas "ah oui ! je me rappelle. Cette question me turlupinait à l'époque". Non, c'est que j'ai écris une intrigue qui est contradictoire. Sur un papier (se sont des feuilles volantes, papier machine dans une chemise), il y a une version de l'intrigue et sur les autres d'autres versions complétement différentes. En relisant mes notes, je n'ai rien ressenti. J'ai cherché l'inspiration cet aprem, mais voilà aucune idée qui me fasse vibrer. A force de chercher trop , ça en devient énervant. Voilà pas de magie.
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