Bande annonce?

[Philicare]

Philicare, que n'as-tu pas bien compris dans mon message ?

Sa finalité…

J'aimerais bien voir ce que ça donnerait pour le coup une bande annonce de roman

Vas voir celle de Virginie Despentes, par exemple (je n'ai pas le lien sur moi, désolé). Pour voir comment on peut vendre son âme au temple de la consommation et du commerce (*). Même s'il y a quelque chose d'amusant à voir une ancienne prostituée (**) faire la prostituée (**) pour vendre son dernier livre (je prie, fort, pour que ce soit Grasset qui ait eu cette initiative, et que Virginie, trop vieille maintenant, se soit juste laissé faire pour se payer ses prochaines vacances…)

(*) Je précise que je n'ai rien contre le fait de considérer un livre comme un « produit », un « objet de consommation ». Mais pour moi, il y a des lignes à ne pas franchir, une certaine éthique à respecter (que certains commerciaux, d'ailleurs, savent aussi respecter).
(**) Je vous laisse remplacer par le terme auquel je pensais…

[The-blood51]

En lisant pas mal de livre, cela m'a donné l'occasion de voir pas mal de bande annonce. Elles donnent super envie de lire et c'est pour cela que ça m'intrigue, le seul problème est quelles images choisir.

[Mario]

Un exemple avec le premier roman de Brunel, qui était modératrice sur le forum :

https://www.youtube.com/watch?v=9h3oD_1INBw

Une vidéo donne l'ambiance avec le son et l'image.

Mais on peut très bien se faire sa vidéo soi-même, dans sa tête, en lisant un 4e de couverture.

Après, si on a la possibilité, on peut utiliser d'autres supports pour présenter son œuvre, pourquoi pas.

De toute façon le roman restera le roman, existant indépendamment de tout et pour lui seul.

Mais il faut avouer que les images possèdent une puissance que le roman ne peut pas égaler avec ses descriptions. Comment rendre avec des mots l'image d'une super fille manga SF ? Ou l'effet émotionnel d'un vaisseau de l'espace aux structures hyper complexes planant dans le vide intersidéral ?

That is the question !

[Philicare]

https://www.youtube.com/watch?v=9h3oD_1INBw

LOL. Ça ne me donne absolument pas envie de lire le livre :-). C'est tellement limitatif, je trouve ! J'espère vraiment que le livre est plus riche que ce teaser qui ne tease rien…

Le jour où l'on aura assez de recul pour mesurer l'impact de tout ce qui a été entrepris dans cette période de révolution (*), je pense qu'on aura beaucoup de surprises.

Je mettrais ma main au feu qu'un bon premier paragraphe, un bon résumé de 4e de couv., et une couverture correcte ont cent fois plus d'effet que ça.

Mais le problème, surtout, c'est qu'au-delà de l'effet positif, il faut aussi penser à l'impact négatif. Combien de lecteurs potentiels (moi ?) ne liront pas le livre à cause de cette « bande-annonce » ?…

(*) le monde est en perpétuelle révolution, mais celle-ci est peut-être plus intense que d'autres, comme à la fin du moyen-âge ou à la fin du XIXème siècle.

[Mario]

Grand sorcier Philicare parler avec eau de feu jetée dans les flammes qui éclairent mais brûlent aussi. Hugh !

Oui et non. L'impact d'une vidéo ou d'un texte est différent sur chacun, qui le percevra d'après son vécu, ses goûts, etc. Si une personne est fascinée par les Indiens et les loups, elle accrochera tout de suite. Une autre ne sera pas interpellée, aucune émotion intense particulière ne s'allumera. On ne peut pas plaire à tout le monde.

Cela me fait penser à Martin, qui se pointe presque tous les jours au café bar et s'assied sur un tabouret à une table haute devant un livre ou son smartphone. Je lui avais demandé ce qu'il écoute comme musique, il m'a répondu "tout", mais absolument "tout". Il ne renie rien, ce qui est créé est créé pour lui, et mérite de l'attention, et de la mémoire. Je suis resté soufflé. Il est chauve, des lunettes, un peu sumo côté physique. Avais-je rencontré Bouddha ?

Pour dire qu'au-delà de toutes les opinions et de tous les débats, finalement, quand le monde a explosé, et qu'on se retrouve dans le désert, en ramassant une cassette de rap dans le sable, moi qui n'aime pas trop, face à l'horizon du futur où dansent les phosphènes radioactifs de l'inconnu, on se dit en haussant les épaules que la vie est un mystère, et qu'il faut la vivre chaque seconde avec intensité.

Le road buggy se pointa sur la dune dans un vrombissement de tondeuse à gazon. Des impacts de balles sur la carrosserie. "Video killed the radio star" des Buggles giclant du radio cassette sanglé sur un tube du carénage. Au volant Philicare, des lunettes rondes d'aviateur sur les yeux, un foulard noué autour du biceps droit maculé de sang.
— Faut se casser, les zombies arrivent !
Je me talai sur le siège en cuir rafistolé avec du ruban adhésif. Philicare démarra en quatrième, les roues envoyant des gerbes de sable vers le ciel d'un bleu d'acier. Je fourrai ma cassette de rap dans le lecteur. "Pose ton gun" de NTM cracha guttural.
— Putain c'est quoi ce délire ? qu'il envoya, la dentition mordante, les mains nerveuses crispées sur le volant.
— La vie qui coule et roule pas cool pour les foules qui la foulent et se défoulent…
Je sais, je préfère Antoine dans "Les élucubrations", mais des fois faut faire des compromis et s'adapter aux circonstances pas toujours jouissives de l'existence.

[Philicare]

Hello Mario,

Si j'écris, c'est justement pour ne pas être au cœur d'une intrigue ;-). Mais ton histoire m'a amusé quand même ;-).

Je crois que je n'ai aucune limite de goût, j'aime tout, même si je suis plus Kery James que NTM. Je lis de tout, je m'intéresse à tout, et je pense que c'est même cette faculté qui rend, peut-être, mon travail à l'atelier Icare un petit peu efficace auprès d'auteurs d'une diversité qu'on imaginera jamais.

Il ne s'agit donc pas d'une affaire de goût. En tout cas, pas ce goût-là.

Mais heureux celui qui peut, aujourd'hui, lire et voir tout ce qui se fait. J'aimerais être ton bouddha, mais c'est impossible. On doit choisir. Une nécessité très récente. Et pour choisir, on doit se fier aux signaux qui sont envoyés par les hommes et les objets.

Or, force est de constater que la plupart des gens (créateurs) pensent naïvement qu'il suffit d'émettre des signaux pour être vus. C'est un leurre, car la qualité de ces signaux est d'une importance capitale, aujourd'hui. Aujourd'hui, on se fiera ou se méfiera d'autant plus à une couverture qu'autrefois. Elle produira, même inconsciemment, un impact décisionnel de grande importance.

Quelque part, on peut s'en réjouir : le « n'importe quoi » n'est plus autant admis qu'auparavant. ;-)

Bien à toi.

[Cormon]

Exactement Mario ! C'est ça que je voulais dire où pensé mais savait pas comment l'expliquer.
Les images ont une puissance tellement évocatrice et un impact direct que les mots n'ont pas cette emprise.
En observation, c'est direct et précis. Il y a les couleurs, les formes, les bruitages, les actions, la musique (l'ambiance) Tandis que par l'écriture, il faut déjà pouvoir se représenter mentalement le message ou la scène asujetti. Il faut avoué que l'immersion par l'image est plus captive que par écriture, si la beauté de l'esthetique est de grande qualité. Par l'image, on voit. Mais rien est expliqué comme un cache. Notre cerveau ne peut pas prendre tout en compte, il y a trop de choses sur la table. Il interprète juste un minimum. Des choses lui échappe. Par l'écriture, ça permet de creuser dans le détail, donc il y a une notion de richesse de l'information. Et un travail de concentration, de visualisation. Ça reste différent.
Voilà aussi pourquoi j'étais mitigé.

Je te retourne la question Mario.
Tu prends quel genre de pilule ? C'est très explosif de la TNT ? c'est très efficace en tout cas mdr !

[Philicare]

Les images ont une puissance tellement évocatrice et un impact direct que les mots n'ont pas cette emprise.

Ah oui ?…

Ça me laisse perplexe, ce genre de propos… L'image, les mots, ce sont deux moyens de produire de l'évocation et de l'impact à part égale, à intensité égale.

Si vous êtes plus sensibles aux productions de l'un, ça ne signifie pas pour autant que l'autre produit moins. Ça veut juste dire que vous y êtes moins sensible.

Il m'arrive assez fréquemment de préférer lire le scénario du film que de voir le film lui-même (et pourtant je suis un amoureux définitif de l'image). Bleu de Kieslowski, par exemple. Le film est ronflant et pompeux alors que le scénario est tout en finesse, en sensibilité et en intelligence.

Donc, @Cormon, tu peux dire que *pour toi*, *sur toi*, les images ont plus d'effet. Mais je t'assure que ça n'a rien à voir avec la vérité des images et des mots, qui peuvent avoir tout autant d'effet sur n'importe qui.

[Mario]

Philicare
Si j'écris, c'est justement pour ne pas être au cœur d'une intrigue

Tu devrais te mettre dans un rôle et voir ce que cela donne. Tu as le choix du genre. Oui, une romance avec Jennifer Lawrence, pourquoi pas ?

Toi qui baignes dans le scénario de film et qui en connais certainement plus que moi, avec l'expérience sur le terrain que je n'ai pas, c'est toujours amusant et très instructif de se mettre dans la peau du héros et de se demander ce qu'on aurait fait à sa place dans telle ou telle situation.

Philicare
Or, force est de constater que la plupart des gens (créateurs) pensent naïvement qu'il suffit d'émettre des signaux pour être vus. C'est un leurre, car la qualité de ces signaux est d'une importance capitale, aujourd'hui.

Oui et non. Non et oui. C'est juste ce que tu dis. Après tout dépend de la situation et du signal. C'est très complexe. Tous les cas de figures sont possibles. On peut étonner et intéresser avec le minimum, voire le banal plus que banal. Comme une œuvre hyper sophistiquée et travaillée peut lasser et même rebuter.

Cormon
Je te retourne la question Mario.
Tu prends quel genre de pilule ? C'est très explosif de la TNT ? c'est très efficace en tout cas mdr !

Un copain m'a une fois dit que je suis comme Obélix, je suis tombé dans la marmite de Panoramix quand j'étais petit.

Cormon
Les images ont une puissance tellement évocatrice et un impact direct que les mots n'ont pas cette emprise.
Philicare
Ah oui ?…
Ça me laisse perplexe, ce genre de propos… L'image, les mots, ce sont deux moyens de produire de l'évocation et de l'impact à part égale, à intensité égale.
Si vous êtes plus sensibles aux productions de l'un, ça ne signifie pas pour autant que l'autre produit moins. Ça veut juste dire que vous y êtes moins sensible.
Il m'arrive assez fréquemment de préférer lire le scénario du film que de voir le film lui-même (et pourtant je suis un amoureux définitif de l'image). Bleu de Kieslowski, par exemple. Le film est ronflant et pompeux alors que le scénario est tout en finesse, en sensibilité et en intelligence.
Donc, @Cormon, tu peux dire que *pour toi*, *sur toi*, les images ont plus d'effet. Mais je t'assure que ça n'a rien à voir avec la vérité des images et des mots, qui peuvent avoir tout autant d'effet sur n'importe qui.

En fait, une image de film et une image imaginée dans la tête, c'est pareil dans le principe de l'image.
Sauf que l'image du film est plus directe et instantanée.
L'image imaginée dans la tête est en général imprécise. Je dis bien en général.
C'est ce que Cormon voulait dire. Mais il a oublié de contrebalancer avec une deuxième phrase expliquant qu'il s'agit pour l'image de film d'une emprise et d'un impact justement instantanés ; et que l'emprise avec des mots peut avoir lieu avec la même force (sinon plus des fois), mais que cela peut prendre quelques secondes de plus (bien que des emprises avec des mots peuvent être instantanées mais souvent sur le plan émotionnel, l'image apparaissant rapidement au début, et plus nettement par la suite).
Tous les cas de figures sont possibles.

Sinon l'explication de Philicare est des plus justes.

[Philicare]

Hello Mario !

Tu devrais te mettre dans un rôle et voir ce que cela donne.

LOL. Je me mets toujours dans la peau de tous mes personnages, même le moindre, je ne sais pas comment écrire juste autrement… Je pense qu'il faut être autant acteur qu'auteur, pour parvenir à écrire. Mais je ne leur donne pas mon nom.

[…] car la qualité de ces signaux est d'une importance capitale, aujourd'hui.

[…] On peut étonner et intéresser avec le minimum, voire le banal plus que banal. Comme une œuvre hyper sophistiquée et travaillée peut lasser et même rebuter.

Tout à fait. Chacun met ce qu'il veut dans le terme « qualité ».

Pour moi, la qualité n'a rien à voir avec le banal, le sophistiqué ou le travaillé. Surtout par le travaillé (quelle horreur quand ça sent la sueur !).

Personnellement, après l'indicible intérêt qui pour moi ne se définit pas, et la clarté indispensable (et qui manque si souvent…), j'aime la justesse (du banal au sophistiqué), la sincérité (idem), la pertinence et l'originalité du regard (idem). C'est ça que je place dans le terme « qualité du signal ».

Bien à toi.