relation avec votre personnage principal [Résolu]
- Nightingale
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Re: relation avec votre personnage principal
Wow ! je suis très impressionnée par ce que tu viens de raconter Rachel. Pour ma part, mon héroïne me ressemble un peu mais elle a également des qualités que je rêverais d'avoir (le fait de s'imposer face aux autres et ne pas avoir peur des qu'en dira-t-on etc) elle a un caractère très fort mais elle a une part de fragilité qui la rend touchante. Elle va devoir traverser des épreuves très difficiles mais en fin de compte, je crois qu'elle est une partie de moi...
L'écriture est la peinture de la voix-Voltaire
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Re: relation avec votre personnage principal
Mon héroïne c'est le genre de femmes qui m'attire.Un peu mon idéal.belle,sexy,asser superficielle en apparence,mais très forte caractériellement,et qui passe sont temps a sortir des sarcasmes et des trucs ironiques.Et considère les hommes comme des objets dont elle se sert pour sont plaisir personnel.
- Blaune
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Re: relation avec votre personnage principal
Je rejoins la majorité des témoignages qui ont été faits cependant j'aimerai y apporter certaines nuances de mon cru. Je vous pris de bien vouloir m'excuser pour la petite digression qui va suivre cependant elle m'a semblé nécessaire afin d'éclairer mon propos. Je pense en effet que le rapport que nous entretenons avec nos personnages dépend de l'acte de création lui-même et c'est pour cette raison que j'ai pris la liberté de traiter la question en filigrane qui n'avait pas été posée : les processus de création du personnage.
Trois motivations vont amener à créer un personnage :
Un personnage est bidimensionnel, c'est-à-dire qu'il existe à la fois de manière purement individuelle et purement collective. Il se situe donc au croisement de ces deux réalités qui ne doivent en aucun cas être négligées sous peine de le rendre inconsistant. Je m'avancerai donc en affirmant que la réussite d'un personnage est aussi tributaire de lui-même que de ceux qui vont interagir avec lui tout au long de l'histoire
(en fait, il existe une autre dimension, mais on va en rester à deux afin d'éviter de dériver totalement).
Pour terminer, je souhaiterais ajouter que les personnages doivent avoir trois qualités :
Tout d'abord, une évidence : je les aime profondément. Dans leurs défauts, leurs qualités, leurs peines et leurs joies. Dans ce qu'ils sont eux et moi, tout le monde et personne. Parce qu'ils incarnent une perfection, parce qu'ils existent. Parce qu'à travers eux, je vais au bout de moi-même, que je transgresse la frontière de mon être et que sortir de soi pour aller faire un tour ailleurs est la part la plus exquise de la création.
Bref, je pourrais continuer longtemps car la question d'Ondine est d'ordre métaphysique, mais je pense avoir été assez claire comme ça.
Le rapport que j'entretiens avec chaque personnage est unique et vient se heurter à un autre amour, celui de l'intrigue. Si le premier me permet de les porter aux nues, le second m'oblige à les malmener, les abîmer parfois même les détruire. L'amour de l'intrigue doit toujours prévaloir sur l'amour d'un personnage (ce qui ne veut pas dire contrairement à ce que prétend ton ami que le personnage est au service de l'intrigue).
Pour ce qui est des deux personnages principaux de mon histoire (il y en a plus en fait, mais par souci d'économie, je prendrai en considération uniquement ces deux-là, car ils le restent du début à la fin),
cela pourra sembler de prime abord paradoxale, mais ils sont ceux que j'ai eu le plus de mal à aimer ou à comprendre, et ce, pour deux raisons bien distinctes. [Si les détails vous intéressent, vous pouvez lire ce qui suit, sinon rendez-vous plus bas et en couleur.]
Mon histoire étant fantastique, j'avais dès le début décidé que mon personnage principal féminin serait la plus commune possible afin de permettre un maximum l'identification. Du coup, je l'ai faite discrète, passive, sans aspérité afin qu'elle puisse être le point d'entrée dans l'histoire. Le lecteur, une fois embarqué à la place d'honneur, suivra la métamorphose jusqu'à la transcendance du personnage. Toujours la même idée déclinée sous de multiples formes ; partir de soi pour aller vers l'autre devient ici partir du commun pour aller vers l'extra-ordinaire. Le concept avait l'air super comme ça, mais concrètement, je me suis retrouvée avec le personnage le moins intéressant du monde entre les mains et je ne savais pas vraiment quoi en faire la plupart du temps. Mon personnage était vide, n'avait aucune passion, aucune motivation et même s'il m'est arrivé de rencontrer des gens comme cela, j'avoue ne jamais les avoir compris. Rajoutez mon parti pris narratif (multiples narrateurs autodiégétiques) et imaginez le tirage de cheveux quand j'ai commencé à travailler avec elle.
Du coup, je lui ai ajouté quelques caractéristiques personnelles afin de créer un lien entre elle et moi sans pour autant la rendre exogène pour le lecteur : le sens de l'absurde, la pensée analytique et la honte. À partir de là, elle s'est construite toute seule comme si des pièces éparses s'étaient finalement assemblées pour enfin former un tout unique et cohérent. J'ai découvert ses rêves, ses motivations ; un vrai feu d'artifice cette fille en fait et avec un de ces potentiel... C'est devenu un vrai bonheur d'écrire avec elle même si j'ai craint pendant un moment de l'avoir rendu trop... trop. Je n'avais pas conscience qu'en lui intégrant mon mode de raisonnement (j'ai des petites tendances obsessionnelles ce qui explique le côté ultra analytique), la pauvre petite hériterait de la même tare. Or si je suis ravie de prendre du plaisir à travailler avec elle, le but ultime reste tout de même que le lecteur en ait avec le personnage. J'ai donc soumis mes premiers chapitres à mes primolecteurs, les malheureux qui se farcissent mes infâmes premiers jets, et ils l'ont adorée. Depuis je ne la remets plus en question. Je prends d'ailleurs un malin plaisir à lui faire des petites misères et je me marre bien derrière mon écran tout en lui rétorquant des trucs du style " Attend un peu la suite ma belle " ou " Ah lala, si tu savais".
Pour mon personnage principal masculin, le problème était complètement différent. Honnêtement, c'est le personnage le plus complexe qu'il m'ait été donné de faire et ce, dans tout ses aspects. Étranger dans ses mœurs, son expression, son comportement et ses pensés, il a une empathie quasi nulle, sinon condescendante, il est manipulateur, sans remord ni morale et autoritaire. Au niveau de sa conception du monde, c'est un vrai bonheur. Eugéniste assumé, l'humanité est selon lui divisée en deux catégories bien distinctes : l'élite (dont il fait bien évidemment partie sinon c'est pas drôle) et la fange (en gros, nous). Dit comme ça, on entend déjà le bruit des bottes claquer au loin sur l'asphalte et pourtant, c'est bel et bien un "gentil" même s'il incarne parfaitement les deux facettes d'un antagoniste : pouvoir et transgression. C'est d'ailleurs cette idée qui m'a séduite ; monter un protagoniste sur le modèle d'un antagoniste et faire passer la pilule au lecteur (j'avoue avoir un goût prononcé pour les défis ^^). J'en avais tellement marre de tout ces faux mauvais garçons qu'on nous vend comme l'incarnation du subversif alors que concrètement, plus cucul la praline tu meurs (bah Édouard, faut pas te sentir visé). J'en voulais un vrai de vrai et je l'ai pas loupé ; lors des retours de mes primolecteurs, le terme "immonde connard" est revenu de manière récurrente, un véritable délice. Le plus amusant est qu'au final, il s'agit d'un personnage profondément vertueux dont l'abnégation ne connaît aucune limite (c'est quasi-christique à ce stade) et c'est d'ailleurs ce que j'aime chez lui, le paradoxe qu'il génère dans l'esprit du lecteur et ces apparentes contradictions qui découlent en fait d'une parfaite logique. Par contre, travailler avec lui s'est avéré d'une difficulté extrême notamment lors de son évolution au cours de la première partie de l'histoire. À l'origine uniquement mue par des motivations externes (devoir, allégeance, héritage), le personnage est rapidement confronté à l'émergence de motivations internes (plaisir, désir, affection) auquel vont venir s'ajouter de nouveaux impératifs externes. Ça a l'air d'un sacré bordel dit comme ça et c'est tout à fait normal. En fait, ce personnage porte en lui tout les enjeux de l'histoire, enjeux qui sont assez nombreux et complexes. Le problème est qu'à l'avoir soumis à tant d'impératifs contradictoires, j'en suis arrivée à un point où je ne savais plus comment il allait réagir (le fait qu'il ne devienne pas fou au cours de l'histoire tient du miracle) alors j'ai enregistré des bandes où je parlais de lui dans les moindres détails en décrivant sa dynamique interne et ses évolutions successives au cours de l'histoire. Puis je les ai re-écoutées en notant toutes les subtilités qui m'avait échappées afin de pouvoir l'apprécier dans sa globalité ( un genre de débat avec moi-même). Après ce travail de longue haleine, je l'ai finalement saisi et j'avoue en être extrêmement fière de ce type là. C'est un personnage à la fois fascinant et intense, un Jésus sur sa croix et bel et bien un immonde connard ^^ .
Cependant, le plus grand plaisir selon moi reste de voir les personnages interagir entre eux ; l'appréhension de la première rencontre et l'émerveillement que je ressens lorsque l'alchimie se fait, de voire à quel point ils fonctionnent bien ensembles et les imprévues narratifs qui découlent de cette dynamique. À ce moment-là, je ne crée plus rien, je me contente de les observer en notant avec assiduité leurs moindres faits et gestes. Et je les admire parce qu'ils sont vivants.
Le choix d'une narration autodiogétique pousse forcement l'auteur à endosser le rôle d'un personnage lors de l'écriture comme la très bien dit Chemin (j'oserai même le mot "incarner", si si) cependant, et pour aller à l'encontre de Chats, la frontière entre mes personnages principaux et moi-même est absolue. Bien évidemment, je ne parle pas de frontière affective, mais bien identitaire. Comprendre et s'identifier sont deux choses bien différentes ; si la première est essentielle, la seconde est selon moi regrettable et je pèse mes mots. S'identifier, c'est se substituer au protagoniste, le dégager de l'histoire à coup de pompe dans le cul pour lui piquer la couronne. Or l'auteur n'a rien à faire là à moins d'écrire une autofiction. Son rôle est de s'effacer au profit du protagoniste et non l'inverse. De plus, l'identification est la chasse gardée du lecteur alors autant ne pas lui piquer son job. Sans le savoir, tu as mis le doigt sur la plus grande difficulté de la narration à la première personne qui est contrairement à ce que j'ai pu lire ci et là, un exercice extrêmement périlleux tant la tentation est grande de déborder sur ses personnages.
Avant de clôturer ce poste, je souhaiterais réagir aux postes de Night et Monio. Je l'avais déjà explicité dans un sujet précédent, mais je vais quand même me répéter. Je pense sincèrement qu'il n'y a pas pire erreur que de faire d'un protagoniste un réceptacle à fantasmes (j'ai d'ailleurs tenu des propos assez durs à ce sujet et non sans fondement). Comme je l'ai dit plus haut et je ne suis pas la seule à l'avoir fait dans cette discussion, la fonction du protagoniste est notamment de permettre l'immersion du lecteur or votre démarche va à l'encontre de ce principe à moins que vous écriviez pour vous même et non pour être lu (dans ce cas, je n'ai rien à redire). Je me permettrais de faire un rapprochement avec la remarque que j'ai fait à Chats car je pense que vos approches d'apparences dissemblables relèvent en fait de la même problématique ; la place que vous prenez en tant qu'auteur dans votre récit.
En conclusion, non Ondine tu n'es pas folle. Entre l'auteur et le personnage, il est effectivement question d'amour. Cependant, cet amour ne doit pas être fusionnel sous peine de diluer le personnage dans l'auteur et le pauvre qui n'a pas la chance d'être réel n'y survit généralement pas. Mais cela n'a pas l'air d'être ton cas alors, rassure-toi.
Au passage, je te conseil le film "Le magnifique" qui outre le fait d'être un bijou de comédie traite du rapport entre un écrivain et son protagoniste (pour le coup, un vrai sac à fantasme). Belmondo en maillot vaut aussi le coup d’œil.
Trois motivations vont amener à créer un personnage :
- L'évidence quand le personnage s'impose de lui-même
- La nécessité pour une raison de pure dynamique ou de nécessité narrative ; il doit accomplir telle action, doit être le parent de X. Toujours lié à l'intrigue et à son avancement
- La fonction pour tout ce qui est lié au lecteur ; transmission de l'information, identification, plaisir, etc...
Un personnage est bidimensionnel, c'est-à-dire qu'il existe à la fois de manière purement individuelle et purement collective. Il se situe donc au croisement de ces deux réalités qui ne doivent en aucun cas être négligées sous peine de le rendre inconsistant. Je m'avancerai donc en affirmant que la réussite d'un personnage est aussi tributaire de lui-même que de ceux qui vont interagir avec lui tout au long de l'histoire
(en fait, il existe une autre dimension, mais on va en rester à deux afin d'éviter de dériver totalement).
Pour terminer, je souhaiterais ajouter que les personnages doivent avoir trois qualités :
- Des traits uniques caractère, manière d'agir et caractéristiques physiques peu courants et qui sont de manière générale étranger à l'auteur
- Des traits communs là on touche à la dimension "stéréotypique" de l'être. On prétend aujourd'hui que notre qualité d'être humain émanerait de notre unicité. Or rien n'est plus faux selon moi. Si la différence caractérise l'individu, c'est bien la similitude qui nous rattache tous à l'ensemble de l'humanité. Qu’elle soit intraculturelle ou universelle (généralement un savoureux mélange des deux), cette dimension commune ne doit pas être méprisée car elle est la garante du réalisme d'un personnage et de l'identification du lecteur. Pour résumer ma pensée, une phrase me vient en tête " Il est comme les autres à un ou deux détails prés" ; c'est sur ce leitmotiv que doit se constituer un personnage.
- Des traits autobiographiques on ne va pas y couper et il s'agit à mon avis d'une nécessité. Tout simplement car là se situe la porte d'entré de l'auteur vers ses protagonistes, un lien privilégié en somme qui permet de pénétrer dans ce territoire mystérieux qu'est la psyché du personnage. C'est toujours le même mouvement, on part du connu pour aller vers l'inconnu, de soi pour aller vers l'autre.
Tout d'abord, une évidence : je les aime profondément. Dans leurs défauts, leurs qualités, leurs peines et leurs joies. Dans ce qu'ils sont eux et moi, tout le monde et personne. Parce qu'ils incarnent une perfection, parce qu'ils existent. Parce qu'à travers eux, je vais au bout de moi-même, que je transgresse la frontière de mon être et que sortir de soi pour aller faire un tour ailleurs est la part la plus exquise de la création.
Bref, je pourrais continuer longtemps car la question d'Ondine est d'ordre métaphysique, mais je pense avoir été assez claire comme ça.
Le rapport que j'entretiens avec chaque personnage est unique et vient se heurter à un autre amour, celui de l'intrigue. Si le premier me permet de les porter aux nues, le second m'oblige à les malmener, les abîmer parfois même les détruire. L'amour de l'intrigue doit toujours prévaloir sur l'amour d'un personnage (ce qui ne veut pas dire contrairement à ce que prétend ton ami que le personnage est au service de l'intrigue).
Pour ce qui est des deux personnages principaux de mon histoire (il y en a plus en fait, mais par souci d'économie, je prendrai en considération uniquement ces deux-là, car ils le restent du début à la fin),
cela pourra sembler de prime abord paradoxale, mais ils sont ceux que j'ai eu le plus de mal à aimer ou à comprendre, et ce, pour deux raisons bien distinctes. [Si les détails vous intéressent, vous pouvez lire ce qui suit, sinon rendez-vous plus bas et en couleur.]
Mon histoire étant fantastique, j'avais dès le début décidé que mon personnage principal féminin serait la plus commune possible afin de permettre un maximum l'identification. Du coup, je l'ai faite discrète, passive, sans aspérité afin qu'elle puisse être le point d'entrée dans l'histoire. Le lecteur, une fois embarqué à la place d'honneur, suivra la métamorphose jusqu'à la transcendance du personnage. Toujours la même idée déclinée sous de multiples formes ; partir de soi pour aller vers l'autre devient ici partir du commun pour aller vers l'extra-ordinaire. Le concept avait l'air super comme ça, mais concrètement, je me suis retrouvée avec le personnage le moins intéressant du monde entre les mains et je ne savais pas vraiment quoi en faire la plupart du temps. Mon personnage était vide, n'avait aucune passion, aucune motivation et même s'il m'est arrivé de rencontrer des gens comme cela, j'avoue ne jamais les avoir compris. Rajoutez mon parti pris narratif (multiples narrateurs autodiégétiques) et imaginez le tirage de cheveux quand j'ai commencé à travailler avec elle.
Du coup, je lui ai ajouté quelques caractéristiques personnelles afin de créer un lien entre elle et moi sans pour autant la rendre exogène pour le lecteur : le sens de l'absurde, la pensée analytique et la honte. À partir de là, elle s'est construite toute seule comme si des pièces éparses s'étaient finalement assemblées pour enfin former un tout unique et cohérent. J'ai découvert ses rêves, ses motivations ; un vrai feu d'artifice cette fille en fait et avec un de ces potentiel... C'est devenu un vrai bonheur d'écrire avec elle même si j'ai craint pendant un moment de l'avoir rendu trop... trop. Je n'avais pas conscience qu'en lui intégrant mon mode de raisonnement (j'ai des petites tendances obsessionnelles ce qui explique le côté ultra analytique), la pauvre petite hériterait de la même tare. Or si je suis ravie de prendre du plaisir à travailler avec elle, le but ultime reste tout de même que le lecteur en ait avec le personnage. J'ai donc soumis mes premiers chapitres à mes primolecteurs, les malheureux qui se farcissent mes infâmes premiers jets, et ils l'ont adorée. Depuis je ne la remets plus en question. Je prends d'ailleurs un malin plaisir à lui faire des petites misères et je me marre bien derrière mon écran tout en lui rétorquant des trucs du style " Attend un peu la suite ma belle " ou " Ah lala, si tu savais".
Pour mon personnage principal masculin, le problème était complètement différent. Honnêtement, c'est le personnage le plus complexe qu'il m'ait été donné de faire et ce, dans tout ses aspects. Étranger dans ses mœurs, son expression, son comportement et ses pensés, il a une empathie quasi nulle, sinon condescendante, il est manipulateur, sans remord ni morale et autoritaire. Au niveau de sa conception du monde, c'est un vrai bonheur. Eugéniste assumé, l'humanité est selon lui divisée en deux catégories bien distinctes : l'élite (dont il fait bien évidemment partie sinon c'est pas drôle) et la fange (en gros, nous). Dit comme ça, on entend déjà le bruit des bottes claquer au loin sur l'asphalte et pourtant, c'est bel et bien un "gentil" même s'il incarne parfaitement les deux facettes d'un antagoniste : pouvoir et transgression. C'est d'ailleurs cette idée qui m'a séduite ; monter un protagoniste sur le modèle d'un antagoniste et faire passer la pilule au lecteur (j'avoue avoir un goût prononcé pour les défis ^^). J'en avais tellement marre de tout ces faux mauvais garçons qu'on nous vend comme l'incarnation du subversif alors que concrètement, plus cucul la praline tu meurs (bah Édouard, faut pas te sentir visé). J'en voulais un vrai de vrai et je l'ai pas loupé ; lors des retours de mes primolecteurs, le terme "immonde connard" est revenu de manière récurrente, un véritable délice. Le plus amusant est qu'au final, il s'agit d'un personnage profondément vertueux dont l'abnégation ne connaît aucune limite (c'est quasi-christique à ce stade) et c'est d'ailleurs ce que j'aime chez lui, le paradoxe qu'il génère dans l'esprit du lecteur et ces apparentes contradictions qui découlent en fait d'une parfaite logique. Par contre, travailler avec lui s'est avéré d'une difficulté extrême notamment lors de son évolution au cours de la première partie de l'histoire. À l'origine uniquement mue par des motivations externes (devoir, allégeance, héritage), le personnage est rapidement confronté à l'émergence de motivations internes (plaisir, désir, affection) auquel vont venir s'ajouter de nouveaux impératifs externes. Ça a l'air d'un sacré bordel dit comme ça et c'est tout à fait normal. En fait, ce personnage porte en lui tout les enjeux de l'histoire, enjeux qui sont assez nombreux et complexes. Le problème est qu'à l'avoir soumis à tant d'impératifs contradictoires, j'en suis arrivée à un point où je ne savais plus comment il allait réagir (le fait qu'il ne devienne pas fou au cours de l'histoire tient du miracle) alors j'ai enregistré des bandes où je parlais de lui dans les moindres détails en décrivant sa dynamique interne et ses évolutions successives au cours de l'histoire. Puis je les ai re-écoutées en notant toutes les subtilités qui m'avait échappées afin de pouvoir l'apprécier dans sa globalité ( un genre de débat avec moi-même). Après ce travail de longue haleine, je l'ai finalement saisi et j'avoue en être extrêmement fière de ce type là. C'est un personnage à la fois fascinant et intense, un Jésus sur sa croix et bel et bien un immonde connard ^^ .
Cependant, le plus grand plaisir selon moi reste de voir les personnages interagir entre eux ; l'appréhension de la première rencontre et l'émerveillement que je ressens lorsque l'alchimie se fait, de voire à quel point ils fonctionnent bien ensembles et les imprévues narratifs qui découlent de cette dynamique. À ce moment-là, je ne crée plus rien, je me contente de les observer en notant avec assiduité leurs moindres faits et gestes. Et je les admire parce qu'ils sont vivants.
Le choix d'une narration autodiogétique pousse forcement l'auteur à endosser le rôle d'un personnage lors de l'écriture comme la très bien dit Chemin (j'oserai même le mot "incarner", si si) cependant, et pour aller à l'encontre de Chats, la frontière entre mes personnages principaux et moi-même est absolue. Bien évidemment, je ne parle pas de frontière affective, mais bien identitaire. Comprendre et s'identifier sont deux choses bien différentes ; si la première est essentielle, la seconde est selon moi regrettable et je pèse mes mots. S'identifier, c'est se substituer au protagoniste, le dégager de l'histoire à coup de pompe dans le cul pour lui piquer la couronne. Or l'auteur n'a rien à faire là à moins d'écrire une autofiction. Son rôle est de s'effacer au profit du protagoniste et non l'inverse. De plus, l'identification est la chasse gardée du lecteur alors autant ne pas lui piquer son job. Sans le savoir, tu as mis le doigt sur la plus grande difficulté de la narration à la première personne qui est contrairement à ce que j'ai pu lire ci et là, un exercice extrêmement périlleux tant la tentation est grande de déborder sur ses personnages.
Avant de clôturer ce poste, je souhaiterais réagir aux postes de Night et Monio. Je l'avais déjà explicité dans un sujet précédent, mais je vais quand même me répéter. Je pense sincèrement qu'il n'y a pas pire erreur que de faire d'un protagoniste un réceptacle à fantasmes (j'ai d'ailleurs tenu des propos assez durs à ce sujet et non sans fondement). Comme je l'ai dit plus haut et je ne suis pas la seule à l'avoir fait dans cette discussion, la fonction du protagoniste est notamment de permettre l'immersion du lecteur or votre démarche va à l'encontre de ce principe à moins que vous écriviez pour vous même et non pour être lu (dans ce cas, je n'ai rien à redire). Je me permettrais de faire un rapprochement avec la remarque que j'ai fait à Chats car je pense que vos approches d'apparences dissemblables relèvent en fait de la même problématique ; la place que vous prenez en tant qu'auteur dans votre récit.
En conclusion, non Ondine tu n'es pas folle. Entre l'auteur et le personnage, il est effectivement question d'amour. Cependant, cet amour ne doit pas être fusionnel sous peine de diluer le personnage dans l'auteur et le pauvre qui n'a pas la chance d'être réel n'y survit généralement pas. Mais cela n'a pas l'air d'être ton cas alors, rassure-toi.
Au passage, je te conseil le film "Le magnifique" qui outre le fait d'être un bijou de comédie traite du rapport entre un écrivain et son protagoniste (pour le coup, un vrai sac à fantasme). Belmondo en maillot vaut aussi le coup d’œil.
Bonjour, je suis Frot'man le héros qui se frotte. Je frotte le matin, je frotte le soir. Je frotte la veuve et l'orphelin. Tu feras la veuve et toi l'orphelin.
- Camael
- Messages : 39
- Enregistré le : 25 nov. 2013 23:44
Re: relation avec votre personnage principal
Eh bien étrangement, je ne m'attache jamais davantage à mon personnage principal, et au contraire, c'est toujours celui avec lequel j'arrive le plus à prendre du recul. Après vous avoir lu j'en conclus que je ne suis pas normale
J'ai souvent un faible pour un personnage secondaire en revanche.
Dans l'histoire sur laquelle je travaille actuellement, je suis bien plus en symbiose avec mon antagoniste, j'espère du moins de pas lui ressembler du tout !

J'ai souvent un faible pour un personnage secondaire en revanche.
Dans l'histoire sur laquelle je travaille actuellement, je suis bien plus en symbiose avec mon antagoniste, j'espère du moins de pas lui ressembler du tout !
Re: relation avec votre personnage principal
rebonjour à tous,
ça faisait longtemps que je n'étais venue sur le forum et je découvre vos réponses.
ça me rassure de voir qu'il y en a d'autres qui sont aussi fous que moi
Pour me mettre dans la peau de mon personnage, j'ai eu une idée qui peut paraitre insensée à certains : je lui ai crée un compte facebook et quand je suis sur ce compte, je me mets dans sa peau et je m'efface complètement. Pourtant il est un homme et je suis une femme, mais je n'ai aucune difficulté à faire ça. Sur ce compte, il a ses propres amis qui ne sont pas forcément les mêmes que les miens et il a sa propre vie.
J'ai également crée un compte à sa femme, et ils échangent entre eux des mots doux et des disputes
Je crée des dialogues en passant alternativement d'un compte à l'autre. Ils s'envoient même des messages privés :D et le pire c'est que je crois à ce que je fais.
mon personnage envoie même des messages privés à ses amis facebook et les gens jouent le jeu, ça se passe très bien.
Ces personnages sont sans doute un prolongement de moi même, un aspect de moi même qui voudrait vivre.
ça faisait longtemps que je n'étais venue sur le forum et je découvre vos réponses.
ça me rassure de voir qu'il y en a d'autres qui sont aussi fous que moi

Pour me mettre dans la peau de mon personnage, j'ai eu une idée qui peut paraitre insensée à certains : je lui ai crée un compte facebook et quand je suis sur ce compte, je me mets dans sa peau et je m'efface complètement. Pourtant il est un homme et je suis une femme, mais je n'ai aucune difficulté à faire ça. Sur ce compte, il a ses propres amis qui ne sont pas forcément les mêmes que les miens et il a sa propre vie.
J'ai également crée un compte à sa femme, et ils échangent entre eux des mots doux et des disputes

mon personnage envoie même des messages privés à ses amis facebook et les gens jouent le jeu, ça se passe très bien.
Ces personnages sont sans doute un prolongement de moi même, un aspect de moi même qui voudrait vivre.
- MayWind
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Re: relation avec votre personnage principal
Ca va loin, ondine, quand même
Perso, j'ai bien une page FaceBook au nom de Krystale Edengrass, professeur de Sortilèges à Poudlard 8-)
Hum... je voulais juste dire que ce sujet m'a beaucoup fait penser au film L'île de Nim, pour la relation entre Alexandra Rover et son perso Alex Rover

Perso, j'ai bien une page FaceBook au nom de Krystale Edengrass, professeur de Sortilèges à Poudlard 8-)
Hum... je voulais juste dire que ce sujet m'a beaucoup fait penser au film L'île de Nim, pour la relation entre Alexandra Rover et son perso Alex Rover

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