Je suis à 100% d'accord avec Mario : dans ton roman, tu inventes ton univers. Totalement. C'est toi qui tiens les rênes (non, pas les rennes, justement, pas eux

)
Donc si tu souhaites une conception végane au cœur de ton univers, tu en as parfaitement le droit !
La revanche sur les clones
Le fait que nombre de romans d'héroïc-fantasy soient des clones de l'œuvre de Tolkien (mention spéciale dans la catégorie Pur Ennui pour Shannara de Terry Brooks qui est presque un copié-collé du Seigneur des Anneaux

), avec de la viande et autres choses que tu réprouves, n'en fait ni une obligation ni une référence.
Par définition, "
Heroic fantasy ou Sword and sorcery, qui est parfois traduit en français par merveilleux héroïque ou médiéval fantastique, est un sous-genre littéraire de la fantasy qui présente un récit héroïque dans le cadre d'un monde merveilleux." (merci Wikipedia)
Tu noteras qu'il n'est nulle part fait mention de chasse, de viande, d'exploitation des animaux ou de la nature : un récit héroïque, du merveilleux, voilà les seuls ingrédients de la potion.
Donc fais selon ton cœur.
Qu'en disent d'autres auteurs ?
Je te conseille de lire ce
commentaire sur Les Livres de la Terre Fracturée de N.K.Jemisin. Cette œuvre montre bien qu'on peut considérablement s'éloigner des "normes", avec un retentissant succès.
Je te conseille également "Le Soldat Chamane" de Robin Hood, qui explore le choc de deux visions opposées du monde : d'une part la "civilisation" naissante dans un monde correspondant en gros à notre XVIe siècle avec son lot de progrès technologique, de l'autre une conception de la nature comme un réseau vivant ininterrompu ayant ses propres buts qui nous dépassent totalement (conception très proche de la mienne).
Dans quoi te débats-tu ?
Au-delà de ces considérations littéraires, j'ai ressenti en te lisant l'ombre d'une entrave.
J'ai l'impression que pour le moment, tu vis tes convictions en réaction aux pratiques dites "normales", et que ce spectre te hante encore.
Si c'est le cas, tu ne te sentirais alors pas parfaitement libre de tes convictions, car tu te battrais encore sur le terrain de ces pratiques que tu réprouves, et verrais encore – à ton insu, et à ton cœur défendant – beaucoup de choses par leur prisme, d'où conflit de valeurs et inconfort mental.
Le message de Rise est lumineux à ce sujet : la collaboration existe. Le cheval et son cavalier peuvent collaborer pour leur plaisir et leur bénéfice mutuel, par amour, par amitié, sans notion de contrainte.
Ma chatte est ma compagne et je suis la sienne ; j'aime à croire qu'elle me voit comme sa bipède, et non comme sa "maîtresse".
Je lui donne des caresses et des croquettes ; elle me donne des ronrons et des leçons de vie. Nous vivons ensemble parce que nous le voulons bien. Lorsqu'elle dort, je prends garde à respecter son sommeil. Lorsqu'elle n'est pas disposée, je la laisse dans son coin. Elle n'est pas une peluche : elle est un être bien vivant ; nous possédons les mêmes organes ou peu s'en faut, et possédons environ
90% de nos gènes en commun.
Sa vie ne vaut pas moins que la mienne (cf
ce texte)
N'oublie pas : tu as parfaitement le droit d'être végane, quoi qu'en pensent les autres, et surtout s'ils ne pensent pas la même chose.
Ta différence est aussi ta richesse, et c'est ce qui fera que tu écriras quelque chose d'original.
Vis-la à fond
Un jeu étrange, mais tout à fait dans le ton
Pour finir, j'ai le souvenir du jeu de rôle
Animonde créé fin des années 80, dans un monde de fantasy qui ne répondait à aucune norme de l'époque.
En effet, les personnages vivaient en totale harmonie avec leur monde, sans exploiter ses ressources : ils collaboraient avec leur environnement. Je ne me souviens plus de toutes les spécificités du monde tel qu'il y était développé, mais je me souviens d'une anecdote merveilleuse : les personnages, lorsqu'ils voulaient disposer d'une écharpe, devaient convraincre une grosse chenille soyeuse de leur rendre ce service... Mais tout restait au bon vouloir de la chenille...
Tout était dans cet esprit.
