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Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 27 juil. 2016 15:25
par marholyne
Bonjour,

Dans la lettre du Dimanche du 29 mai Eric écrit :
"Et quand bien même écrit-on au fur et à mesure, le lecteur (à l'intime de l’auteur) dictant ce qu’il aimerait ressentir ensuite, la découverte sera caduque dès la réécriture."
Je ne comprend pas trop le sens de l'expression " la découverte sera caduque dès la réécriture".

Quelqu'un peut-il m'éclairer?
Merci à vous.

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 28 juil. 2016 04:10
par Shizuka
Je suppose qu'il veut dire par là que si l'auteur écoute trop ce que veut le lecteur, ce qu'il écris devient prévisible et donc inintéressant.

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 28 juil. 2016 16:06
par Nicolas
Si j'ai bien compris. Il veut dire qu'un auteur ne pourra jamais être lecteur de son histoire. Dans le sens où il connait déjà la fin. Et que, même s'il écrit au fils de son esprit (sans plan). A la relecture, l'histoire sera transformer car il y aura beaucoup de modification à faire. Donc, sa première découverte ne sert à rien vu qu'il faut changer une bonne partie de l'histoire.
Enfin, je crois. ^^

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 28 juil. 2016 16:16
par Shizuka
Oui, c'edt vrai, ta version fais plus sens !

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 28 juil. 2016 19:10
par Mario
La question est :

Peut-on écrire en ressentant l'histoire au niveau émotionnel comme le lecteur qui la lit ensuite ou comme si elle était projetée sur un écran de cinéma ?

Et du même coup :

Est-il nécessaire d'écrire en ressentant exactement toutes les émotions, et en voyant les images de ses scènes avec la netteté d'un film ?

En écrivant, on n'arrive pas à vivre en intégral son histoire comme si on la vivait en réalité pour de vrai. Normal puisque l'imagination et la réalité sont deux dimensions différentes.

L'imagination cerne les grandes lignes, parfois avec des flashes plus ou moins nets, mais dans l'ensemble elle reste dans le flou. Il y a juste les mots pour se raccrocher comme des bouées de sauvetage.

Si l'écrivain est dans ce cas, le lecteur aussi. Il va matérialiser les scènes avec plus ou moins de netteté, souvent moins, mais suffisamment pour avoir un fil conducteur qui le maintient à la surface de l'histoire et à travers elle.

Je pense qu'il ne faut pas trop se soucier de ne pas vivre totalement son histoire comme un film projeté sur un écran, à 100%. L'essentiel réside dans les mots que l'on emploie et qui vont former des phrases, qui elles se caleront dans des paragraphes, qui composeront les scènes et les chapitres.

Après, en relisant, on peut savourer le résultat, se laisser porter et emporter par le rythme et la dynamique. Des fois ce sera un passage qui nous enveloppera de sensations et d'émotions, des fois un autre.

Une histoire combine des moments majeurs qui attirent plus, et des moments mineurs que l'on passe de façon neutre, et qui sont là juste pour relier des parties dans lesquelles la "vie de l'histoire" est plus forte et active.

En fait c'est comme dans la vie de tous les jours, dans une journée, on a une majorité de moments sans émotions particulières, et d'autres, que l'on peut compter sur les doigts d'une main des fois, et qui nous touchent vraiment.

On peut dire qu'on écrit comme on vit au quotidien. Et ce n'est pas plus mal, car si on avait des émotions en permanence, et des émotions fortes, on ne survivrait pas. :)

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 30 juil. 2016 17:35
par marholyne
Je crois comprendre ceci : même si l'auteur est aussi son propre lecteur, en même temps qu'il écrit son histoire, on peut dire qu'il la découvre ( écriture à l'inspiration et donc sans plan ).
En tant qu'auteur, il relira sûrement son écrit - phase de correction - et la surprise , alors, ne jouera plus.

"On peut dire qu'on écrit comme on vit au quotidien. Et ce n'est pas plus mal, car si on avait des émotions en permanence, et des émotions fortes, on ne survivrait pas." dans la vie quotidienne il y a des moments "de basses eaux" :) mais dans une histoire, un paragraphe de cette sorte - plat et n'étant là que pour servir de trait d'union - ne va-t'il pas "relâcher" le lecteur?

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 30 juil. 2016 17:52
par marholyne
Nicolas a écrit :...l'histoire sera transformer car il y aura beaucoup de modification à faire. Donc, sa première découverte ne sert à rien vu qu'il faut changer une bonne partie de l'histoire.
Oui et ce doit être quand même frustrant non?

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 30 juil. 2016 20:32
par Nicolas
Ben, perso, mon premier roman (le plus aboutie à ce jour), j'ai fait beaucoup de réécriture. Donc non. Ca dépend de la personne, je pense et de ça tolérance au travail ? lol. C'est le travail d'auteur.

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 18 août 2016 15:51
par Evee
Hello Nico,

Voilà une lettre du dimanche que j'ai peut-être dû manquer... je ne me rappelle pas vraiment de ce petit passage.
Bon, en même temps, je ne pourrais me rappeller de toutes les lettres d'Eric ;) (désolé Eric...hihi :glousse: )

Pour rebondir sur ce que s'est dit plus haut, j'aime l'une des dernières phrases de Mario qui dit que "On peut dire qu'on écrit comme on vit au quotidien. Et ce n'est pas plus mal, car si on avait des émotions en permanence, et des émotions fortes, on ne survivrait pas."

Après, en ce qui concerne la relecture de son propre texte, je pense que c'est très délicat. Un peu à l'image de ce que dit Mario, il y aura forcément des passages plus animés, d'avantage chargés en émotions. Et puis il y en aura d'autres qui apporteront leur lot d'informations complémentaires, nécessaires pour la construction de l'histoire, mais qui ne seront pas à proprement parlé les moments les plus intenses du roman. Donc à la relecture il faut se garder de vouloir absolument ressentir quelque chose de particulier puisque, d'une part, on connait déjà le contenu de ce qui suit, et d'autre part, se montrer objectif sur son propre travail reste un exercice à risque, comme un équilibriste qui souhaite gagner l'autre côté de la falaise et qui pour y parvenir doit absolument conserver la juste répartition de son propre poids.

Si je prends mon cas pesonnel à titre d'exemple, j'essaie régulièrement de passer par la case de la relecture, en mettant de côté que ce texte est le mien et en tentant d'oublier tout ce que je sais de cette histoire... comme si je la découvrais pour la première fois. Je t'avoue que certains jours c'est compliqué ;). Parfois on relit son texte et on a l'impression que tout est à jeter. Parfois au contraire, on ressent avec un certain plaisir les émotions surgir, telles que l'on souhaitait les faire remonter. Et ça fait du bien. Certains jours c'est juste une question de modifier quelques mots, et subitement c'est le texte tout entier qui prend une autre dimension. D'autres jours, c'est un paragraphe complet que l'on enlève et on constate que l'histoire en devient plus fluide et agréable à lire. Un simple synonyme fait parfois la différence. Un petit détail qu'on ajoute. Le plus dur est de se relire comme si c'était la première fois que l'on posait les yeux sur le roman. C'est dur, parfois frustrant, et quand on y parvient tellement motivant.

Courage mon Mico :P
Bises à tous
Yves

Re: Le ressenti de l'auteur à son propre texte.

Message posté… : 20 août 2016 20:45
par Lila
Je pense que les bons mots sont les mots justes et simples. Surtout lorsqu'on débute. La simplicité, contrairement à ce que l'on pourrait parfois croire, permet à l'auteur(e) en l'employant, de mieux visionner son histoire, de pouvoir capter plus justement les belles émotions et sensations réelles sensées la parsemer.

Et concernant la phrase d'Éric, moi je trouve qu'elle pourrait également exprimer ceci : si l'auteur fait trop part de ses écrits à ses lecteurs avant même la première réécriture, la découverte des émotions pour ces lecteurs qui auront conseillé à l'auteur d'introduire telle ou telle sentiments par exemple,rendra la découverte de ces mêmes émotions pour ces mêmes lecteurs, caduque par la suite.

J'espère ne pas être trop loin de la réalité en tentant de m'exprimer sur ce post, mais c'est ainsi que je perçois les choses.
Mieux vaut préserver l'effet de surprise au maximum. En passant, je ferais bien de m'appliquer cet adage à moi-même quelque fois. :P
Bon je dois avouer que je ne me souviens plus non plus de la lettre d'Éric englobant cette phrase, aussi ferais-je peut-être bien de replacer les choses dans leur contexte dès que possible car ma réponse ici est peut-être erronée du coup. :blush: