Écrire un Roman

Écrire nécessite beaucoup. Astuces, méthodes et trucs foisonnent sur le web ou dans les "Fnac" qui, à défaut de fonctionner, ont le mérite d’exister. Mais ce qui est sûr, c'est que tout est lié à la nature des choses ; l’Ordre et le Chaos.
Si on prend du recul, on constate que l’on fait appel à ce jeu de va et viens entre les deux états précédemment cités.
Le Chaos de l’intime où notre créativité puise les idées
L’Ordre nécessaire à la cohérence du propos par l’agencement des dites idées.
Le Chaos par la profusion des choix qui vont s’offrir, quant à l’emploi d’un terme, d’un temps, d’un mode narratif etc... Une sorte de foire où tout se mêle, s’entremêle s’affronte : mots, expression, adjectifs…
L’ Ordre par L’esthétique : la mise bout à boutdu sens premier, du visuel du mot, sa sonorité en passant l’émotion qu’on aimerait qu’il provoque chez le lecteur.
On pourrait décliner à l’infini ce cycle dans le moindre des gestes de cet Art.
Mais cette écriture a aussi un effet plus subtil dont je viens de me rendre compte depuis peu.
Écrire apprend à lire.
Aussi étrange et paradoxal que cela puisse paraître pour certains. A chaque lecture, je fais le constat que je respire mieux le texte, le comprend mieux et parfois je déchiffre mieux ce que l’auteur à essayer d’éveiller consciemment en moi. Parfois ce que l’auteur cache derrière les mots.
Et vous ?
Avez-vous remarqué comment vous lisez mieux depuis que vous écrivez.
PK

Bonjour!
Tout le contraire pour ma part: je n'arrive plus à bien lire depuis que j'écris mon roman. Je décroche très vite, je ne me plonge pas dedans comme j'en avais l'habitude jadis. Je pense que c'est un peu par jalousie, dans le sens où ça me montre le talent d'un autre et me fait me dire que je n'arriverais jamais à un niveau pareil, du coup je broies du noir et je me dis "au lieu de lire, tu ferais mieux d'écrire et de progresser, espèce d'andouille!". Même si d'un autre côté, je suis d'accord, j'arrive peut-être mieux à l'analyser du point de vue de l'auteur, je comprend ses choix, son agencement, ce qu'il a voulu faire comprendre etc. Donc peut-être que je lis mieux, mais que je lis moins... (Il faut dire aussi que j'ai commencé mon roman en rentrant à l'unif' et ça aussi ça a pas mal réduit mon temps et ma motivation pour lire (j'ai tellement de syllabus à lire, qu'après je n'ai plus envie de tourner des pages).)

Idem pour moi. Je ne lis presque plus, quasiment plus d'ailleurs. Je suis toujours plongée dans Rêves mortels, même si pour le moment je n'écris pas.
Je pense que l'on peut être influencé par ce qu'on lit. Par contre, je visionne beaucoup de films et là je prends des idées de personnages, de postures, de lieux.

Je suis tout à fait d'accord avec PK.

Je vous cite un de mes cours sur le travail et l’œuvre :
"L’immersion dans l’oeuvre, grâce au travail qui est en dépôt en elle, demande au
décrypteur un travail symétrique à celui qui aura été fourni par le créateur, ce qui lui rendra l’oeuvre
plus proche, plus familière et augmentera par conséquent l’intensité de son émotion. Et ceci
n’enlèvera rien à la qualité finale de l’oeuvre-ouvrage, mais au contraire renforcera le plus souvent
l’admiration du spécialiste pour cette réalisation, dont il connaîtra désormais non seulement
l’aboutissement, mais aussi la voie par laquelle elle aura été tracée. Cela ouvre à un rapport
dynamique à l’œuvre, qui la rend d’autant plus vivante aux yeux des initiés ."

En se prêtant nous aussi à l'art de l'écriture, on a la capacité d'apprécier davantage la lecture d'un écrit. Je suis plus sensible aux phrases bien amenées, aux idées de narration originales, aux intrigues intelligemment ficelées, aux romans en général, mais aussi aux côtés négatifs des œuvres qui peuvent être aisément cachés aux lecteurs, tant qu'ils n'examinent pas attentivement le récit.

Mais en même temps, je lis moins. Certes, c'est en partie parce que je dois plus travailler. Mais je sais que ce manque de lecture vient d'un temps accru en écriture. Et puis, je n'arrive plus tellement à dévorer un livre, désormais trop jaloux pour reconnaître le succès d'un romancier :D . Non, c'est surtout que lire une histoire me donne des idées ( c'est d'ailleurs très inspirant pour l'écriture que de lire un petit peu avant d'écrire, vous vous rappelez des leçons de Manuel j'espère ) et me donne envie d'écrire. Donc j'abandonne le livre, tout excité, et je me lance dans l'écriture ^^

Donc je rejoins PK et Gandalf : Je lis "mieux" mais moins.

Il est vrai que l'on est dans la nature des choses et non leur nombre ( Arcana ! sors de ce corps !)
Donc moins mais mieux.
Merci à toi Simon pour ton extrait de cours.
As tu la source?
PK

En se prêtant nous aussi à l'art de l'écriture, on a la capacité d'apprécier davantage la lecture d'un écrit. Je suis plus sensible aux phrases bien amenées, aux idées de narration originales, aux intrigues intelligemment ficelées, aux romans en général, mais aussi aux côtés négatifs des œuvres qui peuvent être aisément cachés aux lecteurs, tant qu'ils n'examinent pas attentivement le récit.

Et on peut lire de deux façons finalement et faire en quelque sorte une distinction entre "l'écrivain lecteur" et le "lecteur". Lorsqu'on lit en écrivain, (je reprends cette expression tirée de l'ouvrage "la foi d'un écrivain" de Joyce Carol Oates') est présente dans notre esprit cette préoccupation de l'écriture. L'écriture est véritablement un art. On lit en pensant effectivement à l'effet qu' a voulu créer l'auteur, comment il ménage le suspense, comment l'intrigue se met progressivement en place et nous vient des questions : pourquoi cette sonorité et ce rythme si particulier.
Cela dit, "lire en écrivain", enlève un peu le bonheur premier de la lecture, cette spontanéité de la découverte, le plaisir d'entrer dans une histoire sans la disséquer.