isis_bnu
Est-il normal d'avoir donc envie de changer beaucoup de tournures de phrases, car on trouve cela bizarre ?
Oui, il faudra des fois changer les tournures.
UN EXEMPLE AVEC TON CHAPITRE 2
De la pluie. Toujours de la pluie. Les gouttelettes s’écrasaient contre la grande fenêtre carrée de mon appartement. Le ciel était menaçant, de sa couleur noirâtre. Les arbres laissaient pendouiller leurs misérables feuilles vertes, absorbées d’eau. Les nuages étaient balayés par le vent, mais étaient vite remplacés par de nouveaux. Mon salon était sombre et seule une petite lueur grise osait s’y aventurer, apportant une ambiance plutôt macabre, même pour une Assassine comme moi. Mes yeux regardaient dans le vide, à travers le verre de ma fenêtre, à travers les gouttes de pluie. Je soupirai et posai ma tête sur mon poing. J’étais assise en tailleur depuis maintenant plus d’une heure, mais je n’avais rien d’autre à faire. Ma mission de la veille était terminée. Je pensais l’avoir correctement accomplie, mais cela ne semblait pas être l’avis de tout le monde.
Je tressaillis en effleurant par mégarde mon bras gauche. Un hématome s’était dessiné rapidement après mon entrevue avec Meras. Je me remémorai la scène. J’étais arrivée, fière et à moitié souriante, pensant que mon chef serait content de moi, pour une fois. J’avais toqué à la porte de sa maison, entourée d’arbres menaçant. La pluie était toujours présente, mais atténuée par l’épais feuillage au dessus de ma tête. J’avais regardé la façade de la demeure pendant quelques instants et avais grimacé devant les mauvais goûts de Meras.
L’attente m’avait semblé durer une éternité sous la pluie froide. Enfin, un grognement m’était parvenu et des pas s’étaient dirigés vers l’entrée. L’œillet en bois s’était ouvert et un œil bleu m’était apparu. Quelques secondes plus tard, il m’avait ouvert. Je m’étais retrouvée sur son canapé de cuir marron, à lui raconter les faits. J’avais insisté sur ma victoire et le sauvetage du chat roux. Malheureusement, Meras n’avait entendu que ce qu’il voulait. Il avait attendu patiemment la fin de mon monologue, avait pris soin d’installer un silence assez gênant, pour enfin commencer à parler. Mais, en y repensant, j’aurais aussi bien fait de partir en courant et de ne plus jamais revenir.
N'hésite pas à utiliser des infinitives et des nominales.
AU PRÉSENT
De la pluie. Toujours de la pluie. Les gouttelettes s’écrasent contre la grande fenêtre carrée de mon appartement. Le ciel est menaçant, de sa couleur noirâtre. Les arbres laissent pendouiller leurs misérables feuilles vertes, absorbées d’eau. Les nuages sont balayés par le vent, mais vite remplacés par de nouveaux. Une petite lueur grise ose s'aventurer dans mon salon sombre. Ambiance plutôt macabre, même pour une Assassine comme moi. (nominale)
Mes yeux regardent dans le vide, à travers le verre de ma fenêtre, à travers les gouttes de pluie. Je soupire et pose ma tête sur mon poing. Je suis assise en tailleur depuis maintenant plus d’une heure, mais je n’avais rien d’autre à faire. Ma mission de la veille est terminée. Je pense l’avoir correctement accomplie, mais cela ne semble pas être l’avis de tout le monde. Je tressaille en effleurant par mégarde mon bras gauche. Un hématome se dessine rapidement après mon entrevue avec Meras. Je me remémore la scène. J’étais arrivée, fière et à moitié souriante, pensant que mon chef serait content de moi, pour une fois. J’avais toqué à la porte de sa maison, entourée d’arbres menaçant. La pluie était toujours présente, mais atténuée par l’épais feuillage au dessus de ma tête. J’avais regardé la façade de la demeure pendant quelques instants et avais grimacé devant les mauvais goûts de Meras. L’attente m’avait semblé durer une éternité sous la pluie froide.
Enfin, un grognement me parvient et des pas se dirigent vers l’entrée. L’œillet en bois s'ouvre et un œil bleu m’apparaît. Quelques secondes plus tard, je me retrouve sur son canapé de cuir marron, à lui raconter les faits. J’insiste sur ma victoire et le sauvetage du chat roux. Malheureusement, Meras n’a entendu que ce qu’il voulait. Il a attendu patiemment la fin de mon monologue, a pris soin d’installer un silence assez gênant, pour enfin commencer à parler. Mais, en y repensant, j’aurais aussi bien fait de partir en courant et ne plus jamais revenir.
Tu peux mettre au présent des événements passés pour les rendre de nouveau vivants. C'est même recommandé.
isis-binu
Peut-on écrire au présent avec du passé simple sur quelques phrases comme :
Il se penche et m’embrasse sur les joues. Une odeur âcre sortit de sa bouche entrouverte. Je plisse le nez.
Oui, comme l'exemple plus bas avec un extrait du roman "La trinité du diable" de Pierre Salva.
Dans ta phrase il vaut mieux écrire :
Il se penche et m’embrasse sur les joues. Une odeur âcre sort de sa bouche entrouverte. Je plisse le nez.
Le présent doit être la base de ton récit mais tu peux insérer des phrases au passé, à l’imparfait, au passé composé.
isis-bnu
Es ce normal d'avoir l'impression de moins de sentiments, ou quelque chose comme ça ?
C'est parce que tu n'es pas habituée à écrire au présent. Ce dernier est plus difficile à manier, parce qu'il est direct et met en relief l'instant justement présent. C'est comme si tu découpes un gâteau avec un couteau. Napper un gâteau pourrait se comparer au passé, qui lui est plus fluide et lié.
Le mieux c'est de lire un roman au présent qui te montrera comment faire.
Le début du premier chapitre du roman "La trinité du diable" de Pierre Salva (1969).
Écrasé par la chaleur d'un soleil encore très haut, dans un soleil sans nuages, je marche à pas lents sur la route étroite et sinueuse ù, par endroits, le goudron laisse apparaître des plaques de terre battue.
Je suis sorti du village pour tenter de mettre un peu d'ordre dans mes pensées, de voir clair dans ma situation, une situation catastrophique.
J'ai cru que la solitude m'aiderait. Elle m'accable et, plutôt que de faire le tour d'un inextricable problème, je m'amuse à pousser des cailloux comme je le faisais en allant au lycée voilà déjà quelques années... Un caillou à gauche vers la légère croupe qui me sépare de la mer...
Je n'aurais peut-être pas dû quitter l'armée. La vie civile est idiote...
Un caillou à droite en direction du cirque de collines couvertes de vignes...
Le casino de Canet m'a bien vu venir : ratissé, mon magot ! Moi qui espérais l'arrondir...
Un caillou dans le virage en épingle à cheveux où le goudron se ramollit...
Et je n'ai même pas rencontré la riche héritière que j'espérais draguer pendant les vacances...
Je croyais pourtant avoir bien préparé mon coup ; en choisissant la côte du Roussillon où la concurrence devait être moins grande que sur la Côte d'Azur.
Voilà un peu d'ombre dispensée par le grand mur de pierres sèches qui borde maintenant un côté de la route. Combien mesure-t-il ce mur ? J'aime mieux me poser cette question-là que d'autres comme : pourquoi les mignonnes, dont j'ai fait la connaissance au Pyrée ou au Limbo, étaient-elle toutes dactylos à Lyon ou à Paris ?... Pas plus de deux mètres...
Ça existe les filles riches pourtant ! Il n'y en aura donc pas une qui tombera dans le lit de ce torrent et que je sauverai en glissant le long de ces parois abruptes que l'eau doit battre avec fureur au moment des crues ? Spectaculaire et sans danger pour un homme comme moi rompu aux exercices physiques : le torrent est à sec...
Mais je suis seul. hormis un chien qui aboie dans le lointain, je crois même être le seul animal vivant dans ce coin déjà fort en dehors du village...
Erreur : voilà une voiture ! Derrière moi, le ronflement du moteur se rapproche rapidement. Je m'arrête pour regarder : sur ce chemin désert, les distractions sont trop rares pour en dédaigner aucune...